Créature née de la plume d’Arthur Conan Doyle en 1887 dans Une étude en rouge, le célèbre et excentrique détective consultant de Baker Street remue l’imagination des écrivains et des cinéastes depuis la fin du 19e siècle. Élevé au rang de mythe littéraire par les multiples adaptations dont il a fait l’objet, Sherlock Holmes suscite toujours autant d’engouement et entretient une communauté de fervents fanatiques de tous âges. De Basile la souris détective de Disney (The Great Mouse Detective, 1986) à la trilogie presque complète de Guy Ritchie (Sherlock Holmes, 2009 et Sherlock Holmes: A Game of Shadows, 2011), en passant par les romans de René Réouven (Élémentaire mon cher Holmes!, 1982), de Nicholas Meyer (La Solution à 7%, 1975) ou encore de Michael Dibdin (L’Ultime défi de Sherlock Holmes, 1978), les renaissances du personnage sont nombreuses. Se nourrissant souvent de ses variations antérieures, en plus du canon originel composé des 56 nouvelles et des 4 romans écrits par Conan Doyle, les adaptations et les réinventions de Sherlock Holmes ne manquent pas.
Justicier et défenseur des valeurs bourgeoises du 19e victorien, le détective, véritable machine à penser et maître de l’art du déguisement, hérite à la fois du surhomme des romans-feuilletons, mais aussi du Dupin de Poe et du Lecoq de Gaboriau. Précipité par son créateur dans les chutes de Reichenbach, Holmes est ramené à la vie par la pression de ses fans –et dit-on par les demandes répétées de la mère de Conan Doyle lui-même– dix ans plus tard. Si ce «Grand Hiatus» –tel qu’il est nommé par les holmésiens– fut le terreau fertile de maints récits apocryphes, ces derniers ont aussi puisé dans les innombrables non-dits des histoires de Conan Doyle. Et si le Professeur Moriarty n’avait été que le fruit de l’imagination malade de Sherlock Holmes? Et si Holmes avait fui Watson et les affres d’une relation homosexuelle impossible? Et s’il avait plutôt tenté de se débarrasser de sa dépendance à la cocaïne en allant consulter Freud? Et s’il avait été Jack l’Éventreur? Les jeux de référents historiques et intertextuels sont nombreux, les hypothèses se succèdent, se complètent d’une réécriture, d’une variation, à l’autre. Ce dossier thématique se veut un ensemble d’études sur la figure de Sherlock Holmes, sur son univers littéraire et sur ces multiples jouvences.
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L’écart entre les représentations des personnages et l’atmosphère du récit est considérable dans les différentes adaptations des récits de Conan Doyle.
Maurice Leblanc doit son passage à la postérité au seul personnage d’Arsène Lupin. Sans celui-ci, nul doute que le nom de cet auteur normand serait inévitablement tombé dans l’oubli.
«Brainy is the new sexy», lance Irene Adler à Sherlock Holmes, dans la série britannique Sherlock.
Jack l’Éventreur et Sherlock Holmes: ces deux noms ont marqué l’imaginaire populaire des Britanniques au tournant du XIXe siècle, et non sans raison.
Guy Ritchie a produit en 2011 la plus récente adaptation cinématographique des légendaires aventures de Sherlock Holmes, A Game of Shadows, mettant en vedette Robert Downey Jr. dans le rôle du détective ainsi que Jude Law qui interprète le docteur Watson.