Dans son roman graphique Ain’t It Fun : Peter Laughner & Proto-Punk in the Secret City (Stone Church Press, 2023), Aaron Lange raconte l’émergence de la scène punk de Cleveland dans les années 1970 sous un angle résolument psychogéographique. Concept développé par Guy Debord, la psychogéographie « se proposerait l’étude des lois exactes, et des effets précis du milieu géographique, consciemment aménagé ou non, agissant directement sur le comportement affectif des individus » (Debord, 1955, p. 11). Prenant la courte carrière du musicien Pete Laughner, membre fondateur des groupes Rocket from the Tombs et Pere Ubu, comme fil conducteur, Aaron Lange inscrit l’apparition du punk à Cleveland dans l’histoire plus générale de la ville, révélant un parti-pris qui accorde une large place au mythe parmi les influences de la nouvelle scène musicale. Ce traitement de la ville par le biais du roman graphique me semble intéressant par sa façon de mobiliser texte et image au service d’une « investigation » (Debord, 1955, p. 11) psychogéographique. Sa lecture m’a conduit à soulever la problématique suivante : Quels sont les éléments textuels et visuels qui permettent de souligner l’influence des aspects historiques et psychogéographiques sur le sujet traité ? Je me pencherai dans un premier temps sur l’élément textuel. Ain’It Fun procède en effet d’un important travail de recherche dont le texte se fait l’écho. Nous verrons comment le fourmillement urbain, mais aussi celui des voix et des figures historiques de la ville se matérialisent sous la forme d’un lettrage foisonnant. Ensuite, je m’intéresserai aux cartes et aux éléments architecturaux, omniprésents dans l’ouvrage, ainsi qu’au fort symbolisme qu’ils véhiculent. Enfin, j’aborderai le recours aux épisodes (réels ou mythiques) du passé, ainsi que la notion de psychogéographie à l’aide des théories situationnistes, en analysant la
façon dont celles-ci s’illustrent dans le récit, mais également dans la conception de l’ouvrage lui-même. Ain’t It Fun me semble en effet représenter un mariage intéressant entre le fond et la forme relativement à la psychogéographie, en particulier au concept de la « dérive » cher aux situationnistes.
Raconter la ville
Le récit documentaire, un socle factuel
Au moyen de dates et de descriptions d’événements historiques, Aaron Lange pose les
jalons du récit. Une chronologie initiale de la construction de la ville, illustrée par des
statues, des monuments et des dessins évoquant l’Amérique des colons, historicise ce
qu’il s’apprête à raconter. Cette genèse de la ville est l’occasion d’introduire sa
dimension mythique et le point de vue psychogéographique adopté par l’auteur :
« Autrefois frontière ouest des États-Unis, la [rivière] Cuyahoga traçait une ligne de
démarcation sinueuse entre le connu et l’inconnu, le possible et l’impossible » (Lange,
2023, p. 277). La description, sous forme de cartes, de dessins et de texte, des tumulus
funéraires et des sentiers autochtones antérieurs à l’installation des Européens et à la
construction de Cleveland met tout ce qui va suivre en perspective : malgré sa richesse, à
une certaine échelle de temps, ce récit ne représente qu’un fragment de l’histoire du
territoire en question. Par des allers-retours constants, dans le texte et l’image, entre les
éléments concrets et mythiques, Aaron Lange semble en outre suggérer qu’une ville ne
saurait se résumer à une somme de faits ou à une collection de mythes : elle est plutôt le
produit d’un entrelacement constant des premiers et des seconds, de la petite et de la
grande Histoire, et de ce que les bâtisseurs et les habitants de la ville se racontent à euxmêmes et les uns aux autres pour construire du sens à partir de leur environnement
quotidien. L’auteur recourt abondamment à la mythologie pour illustrer les faits
historiques. Par exemple, le récit de la tenue d’une grande foire industrielle lui inspire la
phrase, « Une cité d’ivoire, une nouvelle Bagdad s’était dressée dans le désert » (Lange,
2023, p. 31) ; à l’inverse, la fin de la prospérité due à la Grande Dépression et la
démolition des manoirs des grands industriels sont symbolisées par un dessin du Sphinx
avec son nez cassé (Lange, 2023, p. 21).
Phylactères et lettrage au service du fourmillement
Aaron Lange accorde une grande place aux témoignages, qui peuvent parfois se révéler
contradictoires. L’histoire de la ville racontée dans Ain’t It Fun est avant tout populaire et
orale. L’auteur ne craint pas les points de vue antagonistes, les jugeant sans doute plus
fidèles à la réalité qu’un récit aseptisé et désincarné. Différentes figures célèbres de
l’histoire de Cleveland comme John D. Rockefeller, Eliot Ness ou Harvey Pekar, ainsi
que de moins célèbres comme les musiciens punks poursuivent un dialogue choral à
travers le temps et l’espace qui se superpose à la voix narrative et sert de contrepoint
subjectif à celle-ci. Visuellement, la richesse typographique du texte, ainsi que les
nombreux inserts et portraits permettent d’accentuer le caractère polyphonique et la
subjectivité du récit, composant une fresque psychédélique d’une grande densité. Le
dynamisme du texte et le surgissement constant de commentaires participent d’un jeu
d’échos entre les personnages et les époques. On peut penser que l’auteur a ainsi cherché
à représenter le fourmillement urbain de façon littérale, mais aussi à donner voix aux
différentes interprétations des faits racontés. Peter Laughner est par exemple dépeint
tantôt comme un génie, tantôt comme un quasi-déséquilibré par les gens qui l’ont côtoyé.
Il s’agit d’une bonne métaphore de la ville elle-même. Robert Crumb déclare par exemple
à propos de celle-ci : « Cleveland est une ville difficile… J’ai bien failli me suicider
quand j’habitais là-bas » (Lange, 2023, p. 81). Mais les punks s’approprient cette
austérité : « Nous aimions la beauté de la ville délabrée/en faillite… notre terrain de jeu
nocturne » (Lange, 2023, p. 361) et vont même jusqu’à en faire un objet de sarcasme : le
disque « Datapanik in the Year Zero » de Pere Ubu est accompagné d’images de poissons
de la rivière Cuyahoga empoisonnés et du slogan « Toute la beauté de Cleveland pressée
sur vinyle » (Lange, 2023, p. 322). L’auteur recourt largement à une esthétique cut &
paste (copier-coller) inspirée du fanzine, où l’emploi de différentes typographies, leurs
combinaisons parfois audacieuses et contrastées sur la page laissent peu de répit au
regard, sans cesse stimulé, jamais passif – comme l’oreille écoutant un disque de punk.
Composé exclusivement d’une succession de pleines pages élaborées avec soin, Ain’t It
Fun n’échappe pas à un « effet poster » (Peeters, 1998, p. 112), qui a cependant pour
avantage d’accorder à chaque élément du récit une place égale et digne de notre attention.
Montrer la ville
Carte et territoire
L’émergence de nouvelles scènes artistiques au XXe siècle a souvent été déterminée par la
possibilité d’un accès à l’espace. L’abordabilité de lieux à divers stades de décrépitude
permet par exemple à des groupes de musique d’aménager des locaux de répétition ou de
se produire en concert sans s’attirer de plaintes du voisinage. Pour les punks, le champ de
ruines de la cité industrielle constitue un champ de possibles, dans la droite lignée des
partis-pris radicaux de l’Internationale situationniste en matière d’urbanisme :
Avis aux bâtisseurs de ruines : aux urbanistes succéderont les derniers
troglodytes de bidonvilles et de taudis. Ceux-là sauront construire. Les
privilégiés des cités-dortoirs ne pourront que détruire. Il faut attendre beaucoup
d’une telle rencontre : elle définit la révolution (Marcus, 1998, p. 45).
Les cartes et les éléments architecturaux sont omniprésents et dessinent une géographie
de Cleveland à même la page. La ville est représentée par une alternance de vues
d’ensemble et de détails. Il en résulte un aller-retour constant entre « la carte et le
territoire ». Les cartes situent en outre les bastions de la jeune scène musicale (clubs,
disquaires, etc.) relativement à d’autres lieux et épisodes emblématiques de Cleveland.
On constate d’ailleurs que les mêmes lieux font l’objet d’un usage différent au fil du
temps. Le bâtiment qui servait d’entrepôt aux entreprises de Rockefeller durant l’apogée
industriel de la ville abrite un peu moins d’un siècle plus tard le Pirate’s Cove, un club où
résonnent les premières expérimentations sonores de la jeune scène punk. Au moyen de
dessins de cartes dont les éléments fluctuent au fil du récit, l’auteur procède à ce que
Debord appelle une « cartographie rénovée », dans laquelle des lieux revêtent un
caractère tantôt « prenant », tantôt « repoussant » (Debord, 1955, p. 13-14).
Symbolisme
Un « vocabulaire architectural » aussi textuel que visuel révèle que l’aménagement
urbain de Cleveland est dès le départ marqué par un puissant symbolisme, un imaginaire
pharaonique et zodiacal dont les constructions et les monuments portent la trace.
L’imagerie astrologique compose un hors-champ d’influences cosmiques qui nourrit
notre imagination quant à sa portée sur l’histoire racontée. Une obsession pour le soleil
semble guider l’urbanisme de Cleveland à l’aube du XXe
siècle, comme le suggère notamment une statue de Frank Jirouch, « Night Passing Earth do Day », ornée d’un cadran solaire (Lange, 2023, p. 89). D’autres sculptures représentant les douze signes du
Zodiaque, ainsi qu’une horloge céleste sont également reproduites dans Ain’t It Fun
(Lange, 2023, p. 90-91). Ces témoignages du néoclassicisme quelque peu mégalomane
des élites de Cleveland semblent faire écho, à des décennies de distance et dans une
perspective certes différente, à Ivan Chtcheglov, qui écrivait en ouverture de son
« Formulaire pour un urbanisme nouveau » : « Nous nous ennuyons dans la ville, il n’y a
plus de temple du soleil » (Chtcheglov, 2006, p. 7). Au-delà de ce symbolisme
ésotérique, le texte constitue souvent un élément graphique à part entière, les lettres
passant « du verbal à l’iconique » (Peeters, 1998, p. 113). Lettres psychédéliques, lettres
de sang, lettres évoquant l’Égypte ancienne, voire hiéroglyphes : elles sont, comme chez
Will Eisner, « dessins de bout en bout » (Peeters, 1998, p. 113). Cette technique accentue
le caractère polyphonique du récit à l’aide d’« effets visuels […] au service de la
narration » (Peeters, 1998, p. 50), mais aussi la portée sémantique de certaines phrases
par un rapprochement entre signifiant et signifié. La graphie de feedback, par exemple,
évoque l’intensité, le bruit, voire l’inconfort d’un larsen de guitare agressif (Lange, 2023,
p. 160). L’abondance de lettrage psychédélique suggère qu’au tournant des années 1960,
l’influence du psychédélisme et des drogues reste omniprésente et imprègne la culture, en
particulier la jeune culture punk.
La ville : une entité psychogéographique
Cleveland, ville hantée
Les monuments à la gloire industrielle passée et les usines abandonnées semblent
raconter l’histoire d’une ancienne civilisation, pourtant encore récente : « Les vieilles
usines le long de la rivière Cuyahoga commençaient déjà à ressembler aux reliques et aux
ruines d’une civilisation disparue » (Lange, 2023, p. 77). Les musiciens s’inspirent du
déclin industriel de la ville, dont ils tirent un matériau thématique et visuel, illustré dans
le roman graphique par la reproduction de pochettes de disques, affiches de concerts, etc.,
qui composent une forme de métarécit. À l’image de leurs homologues britanniques, les
punks de Cleveland « accueillent activement la dépression [économique] comme un
soulagement à leur angoisse » (Marcus, 1998, p. 64). Peter Laughner, dont la courte vie
nous est racontée en pointillés au fil du récit, y incarne une figure omniprésente, mais
spectrale. Au niveau textuel, les paroles Life Stinks/I Need a Drink/Life Stinks/I Like the
Kinks, extraites d’une chanson qu’il a écrite pour le groupe Rocket from the Tombs,
reviennent comme un leitmotiv tout au long de l’histoire, malicieusement placées dans la
bouche de différents protagonistes par l’auteur, comme une litanie qui passerait en fond
sonore durant toute la lecture. Impossible ici de ne pas penser à la récurrence du
« bonhomme sourire » dans Watchmen. Par ailleurs, Cleveland est d’une taille assez
modeste (elle comptait environ 750 000 âmes en 1970) pour que le moindre monument
ou événement historique soit suffisamment connu de ses habitants et possède un fort
pouvoir d’évocation. Lorsque Père Ubu ou la compilation Cleveland Confidential
utilisent des photos de lieux emblématiques de la ville sur leurs pochettes de disques,
l’effet est puissant. C’est tout un imaginaire qui se trouve alors invoqué, et que les punks
interprètent à nouveaux frais, comme les y invite Ivan Chtcheglov :
Toutes les villes sont géologiques et l’on ne peut faire trois pas sans rencontrer
des fantômes, armés de tout le prestige de leurs légendes. Nous évoluons dans
un paysage fermé dont les points de repère nous tirent sans cesse vers le passé.
Certains angles mouvants, certaines perspectives fuyantes nous permettent
d’entrevoir d’originales conceptions de l’espace, mais cette vision demeure
fragmentaire. Il faut la chercher sur les lieux magiques […] (Chtcheglov, 2006,
p. 8).
Voilà peut-être la secret city qu’Aaron Lange se propose de nous faire découvrir dans le
sous-titre d’Ain’t It Fun.
Situationnistes, punks et « continuum underground »
Inspiré par les théories sur l’urbanisme et la « psychogéographie » des lettristes et des
situationnistes, l’auteur inscrit ces mouvements au sein d’une généalogie qui va de la
figure du « flâneur » de Baudelaire aux punks de Cleveland. Membre de Pere Ubu
(groupe qui doit son nom à Alfred Jarry, un des inspirateurs du surréalisme), David
Thomas déclare à propos de la Terminal Tower emblématique de la ville : « Tout ce qui
se trouve dans un rayon de 40 kilomètres de la Terminal Tower – chaque chien, chaque
humain, absolument tout – forme une seule machine. Si l’on parvient à s’y brancher, à
utiliser cette énergie – c’est puissant » (Lange, 2023, p. 377). Par la voix de Thomas,
l’auteur semble ainsi suggérer l’existence d’un « climat psychique » (Debord, 1955,
p. 13) propre à la ville qui s’incarnerait dans la musique. Fruit d’un brillant mariage du
fond et de la forme, Ain’t It Fun peut lui-même se lire comme une longue dérive, soit une
« technique du passage hâtif à travers des ambiances variées » en milieu urbain (Debord,
1956). En effet, tout au long du roman graphique, nous ricochons d’un événement, lieu
ou personnage à un autre, moyennant de récurrents va-et-vient, détours et digressions
dans le texte, et la superposition d’images renvoyant à différentes époques. Si la
chronologie se rappelle à notre esprit de temps à autre, c’est au prix de longues tangentes
« au contact des centres de possibilités et de significations que sont les grandes villes
transformées par l’industrie » (Debord, 1956). Refusant la monotonie du lettrage
traditionnel, le texte cherche à créer l’effet de surprise de la dérive. Celle-ci tend à
s’accélérer vers la fin de l’ouvrage : anciennes et nouvelles constructions s’enchevêtrent,
l’économie industrielle cède la place à une économie des services, mais les fantômes du
passé continuent de hanter les lieux. Passé et présent s’entrechoquent à la faveur d’une
collision d’images représentant la ville actuelle et d’autres de traces du passé (portraits de
« barons voleurs », Eliot Ness, lynchage, gargouilles et sculptures, etc.). L’auteur
entrelace son propre ouvrage avec l’œuvre du plus illustre bédéiste de Cleveland, Harvey
Pekar, en redessinant des lieux évoqués dans des histoires d’American Splendor (Lange,
2023, p. 380 et suiv.).
En s’appuyant sur des données factuelles et des faits historiques, Aaron Lange construit
dans Ain’t It Fun le récit mythique de Cleveland et de sa scène punk. Il raconte cette
histoire à travers les voix de multiples protagonistes plus ou moins illustres, dont les
interprétations divergentes contribuent à l’élaboration du mythe. En représentant les
éléments architecturaux emblématiques de la ville, et en retraçant son essor puis son
déclin industriel, il met en perspective la musique née dans les ruines de cette cité
fantasmée. Si « le roman noir est né dans une Angleterre au plus fort de son
industrialisation, comme une réaction fictionnelle à l’épouvantable vision des rangées de
métiers à tisser et de filoirs mécaniques » (Eco, 1993, p. 106), le punk de Cleveland est
ici présenté comme le rejeton bâtard né dans les ruines de l’effondrement économique et
urbain. Ain’t It Fun parvient avec brio à « faire corps » avec son sujet, soit la
psychogéographie, en se présentant comme une longue dérive à travers le temps et
l’espace, riche en surprises et détours, parfois déstabilisante pour les lecteurs plus friands
de narration linéaire, mais jamais ennuyeuse. Ces divers partis-pris formels lui permettent
d’illustrer avec éloquence l’influence que peuvent avoir une ville, son histoire et sa
géographie sur ses habitants et, en particulier, une scène musicale qui ne demande qu’à
accorder son « comportement affectif » (Debord, 1955, p. 11) sur cette énergie
psychique. Il serait intéressant de mettre en parallèle Ain’t It Fun avec d’autres bandes
dessinées ou romans graphiques traitant de scènes musicales, afin de voir si la ville y
occupe une place aussi déterminante, et la façon dont son influence éventuelle est
suggérée par le texte et l’image
Chtcheglov, Ivan. (2006). « Formulaire pour un urbanisme nouveau ». Écrits retrouvés.
Allia.
Debord, Guy-Ernest. (1955). « Introduction à une critique de la géographie urbaine ». Les
Lèvres nues, no 6.
Debord, Guy-Ernest. (1956). « Théorie de la dérive ». Les Lèvres nues, no 9.
Eco, Umberto. (1993). De Superman au surhomme. Grasset.
Filippini, Henri. (1989). Dictionnaire de la bande dessinée. Bordas.
Groensteen, Thierry. (2020). Le Bouquin de la bande dessinée. Robert Laffont/La Cité
internationale de la bande dessinée et de l’image.
Lange, Aaron. (2023). Ain’t it Fun : Peter Laughner & Proto-Punk in the Secret City.
Stone Church Press.
Marcus, Greil. (1998). Lipstick Traces. Une histoire secrète du XXe
siècle. Allia.
Peeters, Benoît. (1998). Case, planche, récit. Lire la bande dessinée. Casterman.
Peeters, Benoît. (1998). Lire la bande dessinée. Flammarion
Besse, Julien (2024). « La psychogéographie dans le roman graphique : Ain’t It Fun d’Aaron Lange ». Pop-en-stock, URL : [https://popenstock.uqam.ca/articles/la-psychogeographie-dans-le-roman-graphique-aint-it-fun-daaron-lange], consulté le 2024-11-14.