La Seconde Guerre mondiale n’est pas tendre avec les reptiliens, qui disparaissent pour ainsi dire de la surface de la Terre. Si les créatures hybrides continuent toutefois à proliférer dans les marges de la « jungle pulp », chassés des publications les plus importantes de la nouvelle science-fiction, les reptiliens comme tels ne semblent plus attirer grand monde. Les magazines qui restent fidèles à l’outrance délirante des premiers pulps, tels que Startling Stories ou Planet Stories privilégient en effet des créatures de plus en plus insolites, négatif hégélien de l’ostracisme auquel les condamnent les pulps devenus plus légitimes. La « Chose de Venus » ultrabizarre en couverture du Planet Stories du printemps 1942 en est emblématique, parfait (?) mélange des créatures tentaculaires lovecraftiennes (préfigurant en quelque sorte la fétichisation ultérieure du tentacle porn) et des hybrides plus ophidiens ou ichtyens.
Batraciens et hommes-poissons semblent prendre le haut du pavé, jouissant d’une longue histoire qui remonte à H. G. Wells (In the Abyss, 1896) et qui culminera dans la classique Creature from the Black Lagoon de Jack Arnold (1954). Ce sont par exemple les Aquallans du Startling Stories de septembre 1941 ou les très bizarres antagonistes du couple héroïque du Planet Stories de l’automne 1942. Quand aux étranges Neptuniens de mars 1943, ils sont des composites entre le batracien et le reptile. Ils sont d’ailleurs caractérisés comme des « lizard-men » dans le climax de la nouvelle dont la scène est tirée, « The sword of Johnny Damokles » d’un certain Hugh Frazier Parker. Comme dans The Golden amazons of Venus, déjà étudié, il s’agit d’une transposition à peine voilée des grandes cérémonies hitlériennes (doublée ici de la grande peur de missiles surpuissants, devançant d’un an la fabrication des V2 –et de deux la bombe atomique) :
« The Leader was laughing in a repulsively reptilian way as he ascended his rostrum. Timmy and Damokles followed. “Observe,” said the Leader, “the ingenious controls by which I guide the rocket-blasts from this remote station.” He pointed to his control board, motioned Timmy and Johnny to stay away from it, and chuckled as they obeyed. Then, for a full hour, he delivered an impassioned and almost insane address to his followers. As near as Timmy could judge, the Leader’s address was a skilful bit of vituperation against the injustices done to Neptune. But it was effective. A frenzied circle of lizard-men howled as he finished speaking” (1943: 37)
Toutefois, ce terme (dont c’est la seule mention dans la nouvelle) n’a réellement aucune importance, les Neptuniens n’étant par ailleurs pratiquement pas décrits. On sent que les créatures hybrides sont devenues interchangeables, simples signifiants pour désigner l’inhumain et l’abject qu’il faut à tout prix exterminer. Symptomatiquement, s’il est un trait que les Neptuniens partagent avec les reptiliens antérieurs c’est le sadisme [1]. Dans le contexte de la nouvelle, l’inévitable scène de torture prend des accents quelque peu gestapistes [2].
Mais la survivance la plus importante de la figure reptilienne nous vient du Amazing Stories de juin 1945, trois mois avant la fin du conflit. Il s’agit du deuxième texte publié par Richard Shaver, « Thought Records of Lemuria », dans le sillage du succès phénoménal de « I Remember Lemuria » paru trois mois auparavant. Shaver, un fan de science-fiction avec un passé de troubles mentaux qui lui valurent d’être interné pendant des années [3], intègre les fictions de mondes souterrains de Merritt et E. R. Burroughs dans un schéma paranoïaque idiosyncratique. Cette surprenante mutation du pacte de lecture allait être lourde de conséquences, préfigurant non seulement les théories futures sur les reptiliens mais plus généralement un large pan du complotisme contemporain.
« Benearth the earth, Shaver asserted, were vast caverns and remnants of ancient races. Interstellar beings, the Titans and the Atlans, had come to earth millions of years ago but had fled once they realized the sun’s rays damaged their health. Some remained beind, underground, along with technological artifacts. Many of these “abanderos”, affected by the detrimental energy from the sun, degenerated into evil deros bent on destroying mankind with evil ray machines. Others, the teros, were trying to help people with beneficial rays. These elder races were also the ancestors of modern humans” (F. Nadis, 2014: 60).
On reconnaît un schéma déjà évoqué dans plusieurs des fictions analysés. La grande noveauté, outre le fait que Shaver croit sincèrement à son histoire, c’est que Ray Palmer, éditeur d’Amazing, va lui aussi faire semblant d’y croire (voire y croire réellement, ce qui n’a jamais pu être parfaitement démontré). Double tournant, donc, du pacte de lecture science-fictionnel. Dans le cas de Ray Palmer, cela correspond à une volonté de fusionner son double intérêt pour l’occultisme et la science-fiction. Lorsqu’il reçoit (et retravaille amplement [4]) le manuscrit de Shaver, il voit la possibilité rêvée d’opérer cette fusion, par le biais d’un topos théosophique, celui de la « mémoire raciale » d’existences antérieures.
Dès mai 1944 il annonce la publication du premier texte de Shaver selon les termes d’un nouveau pacte de lecture : « For the first time in its history, Amazing Stories is preapring to present a true story. But it is a story you won’t find in the newspapers. (…) We, the editors, believe the story (…). We may bring down a hurricane of debate and perhaps even scorn on our heads. But let it come!” (cit in F. Nadis, 2014 : 61). La saga shaverienne ne sera donc pas présentée comme une simple fiction routinière (qui plus est clairement inspirée par toute la tradition précédente de mondes perdus souterrains) mais comme une véritable révélation. D’où le titre inaugural apporté par Palmer, « I Remember Lemuria » et la notice, sans doute rédigée aussi par lui, qui la précède [5].
On y trouve, entre autres créatures, les « variformes », êtres hybrides formés au moyen de « rayons mutationnels » dans les laboratoires des « technicons » de Mu, continent perdu atlantéen introduit par Auguste le Plongeon et popularisé par James Churchward dans une série de best-sellers [6]. Le narrateur voit ainsi une figure tout droit sortie des tératogonies chères aux romans de mondes perdus fantastiques :
“[My eyes] were wandering over the figure of a variform female on the walk whose upper part was the perfect torso of a woman and whose lower part was a sinuously gliding thirty feet of brilliantly mottled snake. You could never have escaped her embrace of your own will once she had wrapped those life-generating coils around you!I thought upon it. The gen of these variforms was certainly more vital; possibly because the Titan technicons who lived here kept the people healthier.(…) Most of the crosses by this method had re-sulted in an increased strength and fertility. (…) Automatically my mind associated the embrace of the snake woman with the six arms of the giant Sybyl of Info; and I decided that I understood why Artan Gro had driven me here with his scorn. If I didn’t learn about life here I never would anywhere. That had been what he had reasoned »
On reconnaît là l’association biblique entre la femme et le serpent, magnifiée par la tradition du Symbolisme Fin-de-Siècle et monstrifiée par les pulps. S’y greffe ici l’obsession de l’eugénisme dystopique dans une sorte de fantasme phobique autour du féminin et de la fertilité. Cette figure reviendra, directement placée dans le sillage de la « Snake Mother » de Merritt, dans un récit ultérieur du cycle, « The Fall of Lemuria », publié dans le premier numéro d’Other Worlds (novembre 1949), dont il fait, significativement, la couverture. Il est fort à parier que cette image a pu marquer durablement les esprits, renforçant l’iconographie des hybrides ophidiens.
La première page du récit présente une illustration encore plus délirante où la femme-serpent aterrit à bord de sa soucoupe volante dans un paysage en ruines infesté de prédateurs géants. L’érotisme affiché de parfaite pin-up dénudée ne fait que renforcer l’ambiguité étrange entre désir et abjection. Après un long préambule, la créature devient narratrice, exposant l’histoire et les caractéristiques de son « peuple » :
“We of the Snake People have arms, shoulders and torso similar to four-limbed Atlans. But from the waist down we have the body of a python, so that we do not walk, but glide upon our bellies. Our skins are whiter than other races, due to some reptilian de- terminant. We cannot stand so much sunlight as the darker skinned races. Our scales, below the waist, are green with narrow red and yellow patterns. These patterns are different, and among us serve to indicate the family, for they are the same in relatives ot the same family groups. We originated in laboratory experiments undertaken long ago to combine the strongest features of reptilian life with the best features of human life. We are slower of growth than humans, but much longer lived; and few ordinary diseases of mankind have any effect upon us; we are immune. Our longer life gives our mentality longer to mature, so that our greatest members are mightier scientists than those of ordinary Atlan blood. We are a proud people, very beautiful, and virtue is a fetish with us” (20-21).
L’image initiale illustre la venue de Maiya dans l’ancienne capitale abandonnée par son peuple, réfugié (comme toutes les civilisations shaveriennes) dans les souterrains teluriques [7]. Mais ce refuge est illusoire : au cœur de la nouvelle capitale souterraine, le sommeil de Maiya est envahi par une présence maléfique qui, symptomatiquement, lui instille des désirs sexuels dans une scène clairement associée à un viol mental [8]. Il s’agit d’un motif obsessionnel chez Shaver qui témoigne de sa prorpre expérience schizophrène. La femme ophidienne et son peuple sont donc ici des victimes; qui plus est, ils sont victimes des turpitudes dont la tradition howardienne accusait les reptiliens. Symptomatiquement, la figure reviendra sous ses traits plus traditionnels de prédatrice dans une autre nouvelle du cycle, « The Tale of the Red Dwarf » [9].
Parallèlement à ces figures issues de la « Snake Mother » merritienne, Shaver présente le type des extraterrestres reptiliens dans sa deuxième nouvelle, « Thought records of Lemuria » (1945), intégrée encore plus explicitement dans le legs théosophique puisque renvoyant aux célèbres « annales akashiques »[10]. Dans cette évocation d’une ancienne invasion reptilienne du continent perdu, la description des envahisseurs s’inscrit typiquement dans la tératologie extraterrestre des pulps :
“They are not like us,” said she. “They have skins colored and blotched like lizards. Like the chameleon lizards. Somewhat on the order of man are they, with four limbs. Their webbed feet have prehensile toes and their hands are long-fingered. They have a long, fleshy tail that tapers to a whip-like point, hanging from their rumps. They have large, flat heads and their eyes are lidless and reptilian, and are covered with a translucent membrane for protection. Oh, how evilly red those eyes can glitter!”“Their features, maiden. Do they resemble men?”“Oh, no, Bar Mehat. Their noses are small and flat and their mouths are wide. They have no chins and their teeth are heavy fangs. Oh, they are most horrible to look upon.”
Il s’agit de “pirates de l’espace ayant échappé leur planète en quarantaine » (“pirates of space who had escaped from their quarantined planet”). Tout en eux renvoie, sous des fausses promesses (« They promised us forest folk riches and power and security »), à la pure abjection : “They come from the forbidden spaces where death reigns (…) Ah, I cannot sleep yet for thinking of their horrible life, their disgusting mottled bodies, the stink of them”. Ce sont enfin, selon les tropes sadomasochistes que l’on retrouve sans cesse dans l’œuvre shaverienne, des entités sadéennes : “And on those who will not go their way they inflict torments, for they hate the way of the Covenant (…) It is impossible to know when one pleasures or displeases them, so that it is inevitable that one will in the end be tortured to death”.
Le narrateur et sa troupe d’Atlantes rencontrent un de ces lézards camaléoniques (qui tiennent aussi de la guêpe de par leurs armes à aiguillons et leur coutume de « garder leurs victimes en vie pendant des longues périodes avant de les manger »[11]). Un « casque augmentateur » permet de visualiser les pensées de la créature, expliquant leur origine :
« I called for an augment helmet and ordered it clapped on the prisoner’s flat head. It was a matter of a few minutes only when his thought, with tremendous augmentation, was flowing back over my entire following forces. In this way I knew my men would be aware of just what they were about to engage in deadly conflict.These lizard creatures had evolved on a small planet under a very large new sun.(…) Their will to live had been great, but their will to destroy was as full, thus coloring all their thoughts with vicious intent, for the will to destroy and the disintegrant electric forces are one and the same. While the seed of greatness was perhaps within them, it had been buried irretrievably beneath a rigid discipline of the revolting kind which allowed the individual little freedom save the right to reproduce”
On retrouve là le motif de la déshumanisation foncière associé aux reptiliens, intégré dans le système paranoïaque de Shaver[12]. S’ensuivra une bataille apocalyptique où l’on reconnaît l’héritage des mondes perdus à la Merrit et Burroughs avec leur bric-à-brac de créatures préhistoriques (ici contrôlées par les lézards d’outre-espace)[13]. Ironiquement c’est une sorte de serpent tellurique qui permet aux Atlantes de refouler l’invasion reptilienne, montrant l’ambivalence constante de la figure dans l’œuvre shaverienne[14].
En fait ce n’est pas tant cet aspect qui va le plus marquer le mythe complotiste des reptiliens, mais plutôt la cosmogonie paranoïaque d’ensemble qui préside à l’écriture de Shaver. Celle-ci accompagne et parachève un tournant dans l’imaginaire de l’infiltration de l’humanité par des créatures soit extraterrestres soit inhumaines, comme l’a parfaitement demontré Michel Meurger (1994). En effet, ce sont les descendants des anciens Lémuriens (toutes catégories confondues) qui, abandonnés par la grande migration de ceux-ci, ont dégénéré en une race de nains pervers, nommés « dero » (abréviation du tout aussi fantaisiste « abandondero » qui renvoie à leur condition de laissés pour compte). Ce sont eux qui constituent les véritables antagonistes de l’univers shaverien (autant dans la fiction que, malheureusement, dans sa vie soumise à d’intenses hallucinations paranoïaques). Intiltrant et contrôlant l’Humanité, ces creatures sadéennes tirent leur affreuse jouissance de la torture surnoise de leurs victimes impuissantes.
Shaver est le premier à offrir une telle synthèse d’une série de motifs déjà présents dans la jungle des pulps et l’immense succès de ses nouvelles atteste de leur résonance dans la Weltanschaaung angoissée de l’après-guerre. Toutefois, il ne va pas sans rappeller une autre nouvelle bien antérieure et tout aussi inquiétante qui témoigne de la progression paranoïaque de la figure de l’extraterrestre, qui finira par rejoindre et agglutiner celle du reptilien des mondes perdus et de la Fantasy. C’est ainsi que, dans The Cavern of the Shining Ones d’Hal K. Wells (Astounding Stories, nov. 1932), l’être venu de l’espace cherche, sous une forme humaine, à enlever des proies. Un mystérieux inconnu dissimulé sous d’épaisses lunettes noires recrute toute une troupe de victimes de la Grande Dépression qu’il emmène dans le Désert Mojave et fait pénétrer dans une immense caverne remplie de machines « produits d’êtres dont la science était totalement étrangère au monde moderne ». Dans des dizaines de boîtes transparentes parcourues de tubes et de filaments sommeillent de grandes limaces pourvues de tentacules gélatineux. Ce sont les Shining Ones de Rikor.
Lorsque le mystérieux inconnu retire ses lunettes, « du groupe partit un sursaut de terreur étouffé. Tous comprenaient maintenant pouquoi Layton avait toujours gardé ces verres protecteurs. Pas d’yeux dans cette face bronzée.. Et à travers les orbites vides, luisait une masse grouillante d’un rouge cru, le noyau d’un des Shining Ones! » (1932 : 154). Son corps d’emprunt est la réplique synthétique de l’enveloppe charnelle d’un Atlante. Le destin des membres de l’expédition est d’alimenter les Rikoriens lorsque l’émissaire les aura tirés de leur sommeil artificiel, à la manière des « Yaharigans » de leur planète, de misérables humanoïdes elevés pour servir de nourriture aux Shining Ones.
On retrouve ainsi, sous une autre forme et dans un autre genre (résolumment science-fictionnel), le motif howardien de la métamorphose, combiné avec celui de l’expérimentation souterraine évoqué par Ashton Smith. Cela montre à la fois la circulation et la complicité des motifs à l’intérieur de la « Pulp Jungle » (Frank Gruber, 1967) et la prégnance d’un imaginaire culturel qui se décline sous diverses formes, au-delà de la barrière des genres[15]. Cet imaginaire finira inévitablement par rencontrer celui des reptiliens métamorphes introduits par Howard et essaimés dans la culture populaire au gré de la diffusion de son œuvre.
Mais, avec le « phénomène Shaver », se produit un baculement encore plus significatif qui va infléchir la relation entre la science-fiction et le monde des « parasciences » et autres « paracroyances ». En effet, l’aspect le plus surprenant du phénomène c’est qu’une large part des lecteurs ne sont pas simplement devenus des « fans » enthousiastes de l’auteur, mais qu’ils se sont eux-mêmes mis à chercher tout au long des États-Unis des caves à la recherche des révélations shavériennes, et cela, quelques mois seulement avant les premiers rapports de « rencontres avec le troisième type »!
« Hundreds of letters poured in to the Ziff-Davis office. Some readers howled their outrage, but many others linked Shaver’s ideas to favorite occultist notions of astral planes, of sightings of mysterious inhabitants inside Mount Shasta (a people sometimes called the Telos), and reports from the lost civilizations of Alantis and Lemuria”, écrit F. Nadis (2014: 93). Dès septembre 1945, Palmer annonce qu’il existe des preuves fournies par des centaines de lettres de lecteurs qui avaient eux aussi eu des « expériences » avec les « peuples des cavernes ou avec des humains étranges » : “THERE HAS BEEN EVIDENCE ADVANCED OF A VERY STARTLING NATURE!”. « The Shaver mystery opened the way to a mutant form of science fiction that was to bear fruit as imaginary narratives of the weird gave way to actual sightings of flying saucers, reported visites to underground caves and encounters with alien beings (..) Slowly, popular culture veered toward a deep abiding interest in the paranormal. With his grand act of chutzpah, Palmer was elbowing the field of science fiction into the Twilight Zone” (F. Nadis, 2014: 88)
Des tréfonds de Lémurie, la route était pavée pour Agartha.
Dans son sillage d’autres allaient bientôt suivre, édifiant progressivement le mythe reptilien. Entre 1947 et 1948, alors que le « mystère Shaver » fait encore rage, la Borderland Sciences Research Foundation, un groupe parascientifique basé à Vista, en Californie, commence à publier des extraits d’un document appelé “Le Manuscrit Hefferlin” écrit par W.C. Hefferlin et sa femme Gladys à partir de leurs “conversations psychiques” avec leur mystérieux ami « Emery »[16].
Selon ce dernier, il y a des millions d’années, l’humanité aurait régné sur un empire de planètes s’étendant sur une centaine de galaxies, avant de rencontrer la race qui allait devenir son ennemi mortel, le Peuple Serpent ou Lézard (ambivalence significative qui renvoie au double versant du mythe) :
« At some time during the migration periods across galaxies of space, the race of snakes or lizard-like species was encountered. From then on there was friction and war. Also of great knowledge and ability were they, this ancient Serpent Race, but far alien in thought and culture to Mankind’s ways. For some reason not known now, there had always been between the humans and the snake people, competitive strife for the dominating position of control and power. Great wars were fought and slowly Mankind lost ground” (Manuscrit Hefferlin en ligne).
Le Peuple Serpent chassa alors la race humaine de planète en planète, dispersant les restes de l’Empire Humain sur quelques mondes solitaires et sans importance. L’un d’entre eux était la planète Mars, qui resta un foyer hospitalier pour des centaines de générations d’Anciens, avant que ceux-ci découvrent que la planète rouge était en train de mourir – son oxygène et son eau s’évaporant lentement dans l’espace.
On reconnaît, jusque là, le script des multiples nouvelles sur les races extraterrestres reptiliennes des pulps déjà évoquées. Cette même année 1949 on en trouvait un nouvel exemple dans les pages de Thrilling Wonder Stories (juin), sous la plume de Leigh Brackett qui, dans les “Sea Kings of Mars” présentait les Dhuvians, mystérieux « enfants du serpent »[17], qui restent enrobés dans leurs sombres tuniques jusqu’à la confrontation finale qui fait l’objet de l’illustration (quelque peu mensongère) de la couverture.
Le grand souverain de Mars envoya une flotte de vaisseaux spatiaux sur la Terre pour étudier son potentiel en tant que nouveau foyer de l’Humanité. Ce groupe d’éclaireurs arrive émerveillé dans le continent subtropical de l’Antarctique (autre vieux dada théosophique). Leur peuple s’y installera, construisant sept grandes villes, sur le modèle des villes martiennes (soit, selon des critères chromatiques extrêmement kitsch, la capitale Rainbow City étant entièrement construite en plastique de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel!). Dirigée par les premières incarnations terrestres des Trois Anciens, la colonie prospère constituant le véritable Âge d’Or mythique de l’humanité. Mais survient alors, comme dans tous les scénarios de mondes perdus, une grande catastrophe, probablement une attaque surprise du peuple serpent, qui frappa la terre et la fit basculer sur son axe. Le paradis antarctique devint glacé et inhabitable, forçant les survivants du désastre à abandonner leurs grandes villes pour s’installer dans les régions sauvages du nord, où, après des milliers d’années d’adversité, ils finirent par oublier toutes leurs connaissances technologiques, tandis que les souvenirs de l’époque glorieuse des Anciens devenaient des mythes et des légendes.
Transposant les vieux topoï des romans de l’Aventure Mystérieuse dans le discours ésotérique, le couple Hefferlin décrit le voyage de leur correspondant télépathe dans la ville de l’Arc-en-ciel désormais enfouie sous des milliers de mètres de glace. On y trouve, sous les voûtes du grand Temple pyramidal, des créatures serpentines préservées dans des cuvettes :
« In this upper room were found three humanoid serpentine bodies, in upright transparent containers and behind these, three more of the same type, evidently consorts of the other three. The first three were the originals of the three pictures above on the corridor’s end wall, In the area of the second level immediately below this’room, were found great numbers of similar humanoid serpentine bodies, and in the areas beneath this second level, the third and fourth, reposing on beds stacked in tiers four high, lay vast numbers of these same types of figures (…). Through research efforts our scientists discovered that these humanoid serpentine bodies were reconstructed robot containers made from the flesh substance of the original bodies, which long ago had been serpent bodies with arms. The types of animals and vegetation held in suspended animation in this area were such as should hever seen on this planet, Earth. They don’t belong!” (id)
On reconnaît bien là, comme le signale W. Kafton-Minkel dans son classique Subterranean Worlds (1989, 164) le schéma du mythique At the Mountains of Madness publié par H.P. Lovecraft dans Astounding Stories en 1936. Dans ce récit, une expédition scientifique perce un trou dans la croûte de glace de l’Antarctique et découvre un tunnel rempli de cadavres bien conservés de formes de vie extraterrestres. Plus près du pôle Sud, l’expédition découvre une grande ville déserte cachée derrière des montagnes plus hautes que l’Himalaya et trouve des gravures racontant l’histoire d’une race d’Entités Anciennes qui s’est installée au pôle il y a près de mille millions d’années et a créé les formes de vie de la Terre. Lorsque le “grand froid” est arrivé, les Anciens se sont d’abord installés dans les océans, puis ont migré jusqu’à une mer à l’intérieur de la Terre.
Par ailleurs la connexion avec le “mystère Shaver » (évidente dans les rêveries sur les réseaux de tunnels souterrains et leurs étranges merveilles) est, significativement, déniée par le couple, qui atteste de ses tentatives de présenter son « matériel » comme original au sein du même magazine pulp dirigé par Ray Palmer[18]. W. C. Hefferlin y avait en outre publié une lettre (1947) où il affirmait que les soucoupes volantes qui venaient de défrayer la chronique provenaient en fait de la Ville Arc-en Ciel sous l’Antarctique[19]. On voit donc comment les idées transitaient de plus en plus autour d’Amazing entre les milieux de la SF et ceux de l’ « occulture » états-unienne (selon une stratégie savamment mise en place par Palmer lui-même, dont la carrière ultérieure allait justement se poursuivre à la croisée de ces deux champs culturels).
Enfin, une troisième connexion relie les Hefferlin à un autre outsider déjà évoqué dans ces pages, l’étrange Maurice Doreal (pseudonyme de Claude Diggins), fondateur de la Brotherhood of the White Temple et lecteur lui aussi des pulps. L’auteur de La Tablette émeraude de Thoth l’Atlante (1939), pastiche qui reprenait en mode ésotérique le récit d’heroic fantasy de Robert E. Howard « Shadow Kingdom », revient à ses chers reptiliens au moment même où le couple s’y intéresse. Les symétries (inversées) entre leurs modèles sont flagrantes.
Dans un pamphlet des années 40, Mysteries of the Gobi, on retrouve l’ idée théosophique selon laquelle le pôle Nord aurait jadis été habitée par une race géante connue sous le nom de Fils de Dieu (les célèbres Nephilims du Livre d’Hénoch) dont nous serions les lointains descendants dégénérés. Inversement, ce qui est aujourd’hui l’Antarctique aurait été la demeure du Peuple Serpent, une race vaguement humanoïde avec des têtes « comme celles d’un grand serpent et leurs corps faiblement écaillés ». Les deux races étant totalement différentes, tant par l’esprit que par la forme, une guerre éclata entre elles (comme chez les Hefferlin).
Fidèle au modèle howardien, le peuple serpent possédait des pouvoirs hypnotiques qui lui permettaient de paraître humain aux yeux des Fils de Dieu et de leurs autres alliés humains, les infiltrant aisément. Comme dans « Shadow Kingdom », les humains développèrent une astuce qui permettait d’identifier immédiatement les reptiliens, demandant à tous ceux qui tentaient de pénétrer dans leurs refuges de prononcer un mot imprononçable par les cordes vocales de l’ennemi : « Kininigin »[20]. Cependant, dans un royaume luxuriant qui est aujourd’hui le désert de Gobi, vivait à l’époque une race d’humains blonds aux yeux bleus qui avaient développé une super-arme contre le peuple serpent, déclenchant une catastrophe qui fit basculer la Terre entière et transforma à jamais la repartition de ses continents. Le peuple serpent fut anéanti. Ceux qui se trouvaient chez eux en Antarctique moururent rapidement de froid, car ils se retrouvèrent soudainement au pôle Sud ; les rares spécimens qui restèrent dans d’autres parties du monde furent massacrés par les restes de la race humaine, plus nombreux.
Toutefois, un pamphlet possiblement ultérieur, Flying Saucers: An Occult Viewpoint (1948), transforme ce récit des origines: “Doreal significantly altered his position, arguing that the Serpent Race were extraterrestrials and that they had not been destroyed. Instead, their members existed in a state of suspended animation, to be revived in the twentieth century as allies of the Antichrist” (Barkun, : 120). On voit ainsi comment Doreal passe du modèle howardien des reptiliens des mondes perdus, qu’il avait déjà exploité à celui, infléchi par l’onde expansive des premiers récits de soucoupes volantes, des reptiliens extraterrestres (embrigadés dans la lutte finale de l’eschaton judéo-chrétien). Il s’inscrit, tout comme les Hefferlin dans une vaste reconfiguration mythopoétique de la figure, qu’il revisite encore dans Mysteries of Mt Sasha (1949), l’associant à ce territoire légendaire déjà investi par les fans du « mystère Shaver ».
[1] “The Leader barked an order. Timmy found himself flat on his back with a Neptunian servant pressing the face-plate of his suit down hard. There was a little whirl of power. Agonies unimaginable shot through every nerve of his skull. He screamed. Restraint was ipossible. The pain eased. “.You see!” said the Neptunian, “that treatment does no harm to nerves or tissues, and actually prolongs life.” Timmy looked past the grinning faces of his tormenters and fixed his glare on the reptilian Leader. “Try again,” he said. “I’m still tough.” The pain came back. It spun through skull and brain like a biting buzz-saw. Timmy gritted his teeth, then again came the inevitable scream. He wanted to faint. He prayed for death. But that buzzing pain was an elixir … a stimulating and eternal torment. Timmy’s hands thumped hard against the floor. His feet jerked, his spine arched, and he screamed again and again in a great crescendo. The pain eased. “Could you stand that,” said the grinning Neptunian, “for a lifetime?” “Nor”“Then I warn you, the next time we apply it, you’ll be alone in a dark room . .. with a time clock on the door set for a one-week period. No one will enter. No one can stop the treatment. Will you cooperate ?” (1943 :32)
[2] “Neptune, and the Tsoms, are the perfection of true civilization. We know there are no gods. We are neither concerned with ritual nor rank. Here, all are equal, under my leadership.” “Interesting,” commented Timmy. “I seem to have heard it before” (…). Thurner shoved the little Greek to the floor, “Use him for Extract 47-a. Humanizing fluid.” The Neptunian shuddered, “The thought,” he said, “of treating another of our people with that semi-humanizing element is repulsive. But sacrifice in the interest of conquest is needed. We must have more Neptunians capable of resisting higher temperatures and lower gravities.” Thurner grinned. “Precisely,” he said. He turned to Timmy, and judged him as a man might judge a Percheron stallion. “This one is too lean.” The Leader nodded. “Our dear guest will be of use in research and mechanics. We might even grant him certain liberties.” Timmy glared at the monster, hating that assumed tolerance, then spat with deliberation on the floor” (id: 31)
[3] “In the summer of 1934 Shaver’s wife, Sophie Gurvitch Shaver, had him committed to the Ypsilanti State Hospital, where he remained (with periodic visits home) for nearly two years. During Shaver’s hospitalization, Sophie Shaver died, electrocuted when she touched the wire of an electric heater while in a bathtub. Shortly thereafter Shaver was released from Ypsilanti (…) In early 1938 he was deported from Canada and sent to Grafton State Hospital in Massachusetts, and later that year was transferred to the Ionia State Hospital for the Criminally Insane in Michigan, where he remained for 5 years. He was discharged in May 1943, and that same year he began writing, sending his alphabet to Amazing Stories during the late summer or early fall” (G. McKee, “Reality – Is it a Horror?”: Richard Shaver’s Subterranean World and the Displaced Self”, in Journal of Gods and Monsters Special Issue: The Monstrosity of Displacement , v.1 n.1, 2020: 5)
[4] Changeant notamment la localisation de la super-civilisation disparue d’Atlantis à Lémurie, qu’il trouvait plus en accord avec l’évolution des doctrines théosophiques. « When Palmer titled Shaver’s story « I Remember Lemuria », he sought to attract readers who would know of Theosophy and Churchward’s works. The content of the story had little do to with occultist theory though. Its sources were standard space opera added to the pulp writings of H. P. Lovecraft, Robert E. Howard, E. Rice Burroughs and Abraham Merritt” (F. Nadis, 2014: 62)
[5] « I myself cannot explain it. I know only that I remember Lemuria with a faithfulness that I accept with the absolute conviction of a fanatic. And yet, I am not a fanatic; I am a simple man, a worker in metal, employed in a steel mill in Pennsylvania. I am as normal as any of you who read this and gifted with much less imagination than most of you! What I tell you is not fiction! How can I impress that on you as forcibly as I feel it must be impressed? (…)I intend to put down these things, and I invite—challenge!—any of you to work on them; to prove or disprove, as you like” (1945: 2-3).
[6] Lost Continent of Mu, the Motherland of Man (1926, réedité en 1931), The Children of Mu (1931) et The Sacred Symbols of Mu (1933).
[7] “When the Elders of the Serpent race first began to notice the growing deviations of emotional instability which heralded the increasing malevolence of the sun, they took steps to safeguard their citizens from its worst effects by abandoning the surface cities, forbidding any citizen to remain above ground for more than a few days at a time” (21).
[8] “Maiya knew that the subtle evil done to her would affect her all her life; that much of the very birthplace of beauty and poetry in her mind had been destroyed by the sullying of the fair fields of thought with the hateful phantasmagoria of completely repellent experiences and sex reactions; the clumsy pawing over of her innermost heartstrings; the ugly stimming playing on those strings with an unknown creature’s blunt moist fingers of evil lust!” (25-6)
[9] “Now as Druga hobbled along, he came to that Serpentine female who had reached so hungrily for him upon his entrance. Druga looked at her sleeping form carefully, hoping to detect some slight evidence of the pas-sage of time upon her body, and finding nothing. But his shaky legs would not carry him from her noiselessly, and she awoke and seized him before she got a good look at the worthless meat which covered him.“Now tell me, woman who is born of a snake, do you remember a young fellow passing this way some time ago, A fellow who might have been my son?” Druga made haste to start a conversation, for her fangs were quite long in her red mouth, and her undeniably attractive face was not decided whether he was fit to eat or not.“I seem to recall a man something like yourself some years ago. Men are few hereabouts.”Druga was undecided whether this monster who was woman and snake and cannibal all at once was herself or her mother, and determined to find out once and for all whether or no these creatures who were supposed to be immortal were so in truth” (id, ibid).
[10] Avancée par Alfred Percy Sinnett dans Esoteric Buddhism (1883), la notion est reprise et popularisé par C. W. Leadbeater dans Clairvoyance (1899). Leadbeater lui-même dira avoir plongé dans ces “archives” pour évoquer l’histoire de l’Atlantide dans Man: How, Whence, and Whither? (1913)
[11] Bien que l’on puisse douter des connaissances entomologiques de Shaver, les guêpes réduisent bel et bien certaines de leurs victimes en « zombies» dont elles nourrissent leur progéniture https://www.scientificamerican.com/article/how-a-wasp-turns-cockroaches-into-zombies1/
[12] « In Atlan language there are three kinds of men: tero, normal man; dero, evil man, and zero, useless man. These lizard people were for the most part zero. Equal parts of good and evil in the character made their total effect in life merely a repetition of the status quo. But they were foolish enough to allow domination by the dero, which rendered the total effect detrimental to all other beings and their own true interests as well. Notice the world conflagration resulting from the devotion of one nation to a detrimental energy robot (Author)”. La référence évidente au hitlérisme inscrit la paranoïa de l’auteur dans le contexte du temps.
[13] “In improvised underground pens they had collected overgrown monsters of every description. Held in those narrow tunnels, and fed but little for a long period, these creatures had become ravenous with bestial hunger. Various types of disintegrating rays and venom-ball throwers, as well as other weapons the nature of which was strange to us then, had been attached to the animals’ backs. The purpose of this arrangement was obscure until the lizard men threw open the barred doors to the tunnels.Out rushed the maddened beasts. Mammoths, titanotheres, titanosaurs, dinosaurs and huge serpents rushed down upon us. The ray apparatus on their backs was automatic, sending a beam in a wide arc ahead of the beasts. (…) One could hardly move one’s limbs because of the effect of this detrimental electric, which leaped like Hell-fires from every bush, every piece of metal, every blade of grass, making the vision hollow with the disillusion of despair”. (52)
[14] “On, Atlans! On, Altans!” And the mighty serpent hiss terminated the roaring words.The great Worm’s bulk blotted the sun from overhead so that we fought in the shade as though twilight had descended upon us. From our van we could see the planes of the lizard men taking to the air as they retreated in mad rout from this unconquerable serpent of the ancient days long past. For following upon the appearance of Garm the invaders were, for the most part, speeding away, leaving behind them their dead and wounded and the blazing ruins of their camp. The maddened beasts which they had starved and then released upon us were careening off in all directions for the control rays that had kept them advancing upon us in attack now stood abandoned, their tall masts no longer flashing with energy sparks. The battle was over, save that a few of our fastest planes trailed the fugitive enemy, their purpose not to do battle, but to determine the destination of the lizard men that we might report it to the Space Police” (id, ibid)
[15] Deux ans plus tard, Joseph Campbell publiera Brain-Stealers of Mars (Thrilling Wonder Stories, déc. 1936), qui allait devenir la base de son célèbre Who Goes There? (Astounding Science Fiction, août 1938), summum paranoïaque de l’invasion extraterrestre par infiltration mimétique.
[16] La défense de cette singulière “méthode » reste pour le moins bancale : “The means by which this material has been gathered is a form of telepathy, called by us “Controlled Mental Communication”, Before you-say it is silly, stop to think of the work of Alexis Carrel, of Dr. Rhine of Duke University and other scientists, Then think of the many chairs of Mental Telepathy established in the Department of Psychology in the largest universities in the United States, Therefore it cannot be silly” (“Introduction to the Hefferlin Manuscript” en ligne sur archive.org)
[17] On retrouve le même paradigme cosmogonique que dans les autres fictions des reptiliens extraterrestres que reprend, au même moment, l’occulture : « You know at least that since long ago there, have been human peoples on our world and also the not-quite-human peoples, the Halflings. Of the humans the great Quiru, who are gone, were the greatest. They had so much science and wisdom that they’re still revered as superhuman. !‘But there were also the Halflings — the races who are manlike but not descended of the same blood. The Swimmers, who sprang from the sea-creatures, and the Sky Folk, who came from the winged things— and the Dhuvians, who are from the serpent.” A COLD breath swept through Carse. Why was it that all this which he heard for the first time seemed so familiar to him ? Certainly, he had never heard before this story of ancient Martian evolution, of intrinsically alien stocks evolving into superficially similar pseudo-human peoples. He had not heard it before— or had he?” (1949: 32)
[18]“ Notice to all of you who have read the Shaver Mystery by way of the stories and articles written by Richard S, Shaver. Our material has no connection with the Shaver Mystery. In our correspondence with Mr. Raymond A. Palmer, editor of the Amazing Stories Magazine, we requested him to keep our material separate from the Shaver Mystery and not to use it in connection with the Mystery, Mr. Palmer ignored our request and has deliberately distorted our statements for his own purpose, thereby misleading the readers of Amazing Stories Magazine” (ibid)
[19] Nous avons étudié ailleurs les rêveries soucoupistes autour des pôles, notamment dans le corpus des mythes complotistes sur les Ovnis Nazis http://popenstock.ca/dossier/article/les-ovnis-nazis-du-p%C3%A8re-no%C3%ABl-ou-les-%C3%A9tranges-avatars-du-mythe-polaire-2
[20] Il s’agissait déjà dans le texte d’Howard d’une réecriture de l’épisode biblique du Livre des juges (12:4-6), où les Guiléadites utilisent le terme de schibboleth pour distinguer leurs ennemis (incapables de prononcer la lettre shin) parmi des fuyards.
Michael Barkun, A Culture of Conspiracy: Apocalyptic Visions in Contemporary America, University of California Press, 2013 [2003]
Frank Gruber, The Pulp Jungle, Sherbourne Press, 1967
W. Kafton-Minkel, Subterranean Worlds, Loompanics Unlimited, 1989
Michel Meurger, Lovecraft et la SF, 2, Encrage, 1994
Fred Nadis, The Man from Mars: Ray Palmer’s Amazing Pulp Journey, TarcherPerigee, 2014
Leiva, Antonio (2023). « D’où viennent les reptiliens? (7) ». Pop-en-stock, URL : [https://popenstock.uqam.ca/articles/dou-viennent-les-reptiliens-7], consulté le 2024-11-21.