Parallèlement aux mondes perdus, les extrapolations extraterrestres trouvent dans les reptiles une figure de l’altérité. S’ils signalaient une étrange évolution alternative (double délirant des spéculations de la paléontologie) dans les premiers, ils marquent l’alignement de l’imaginaire de l’extraterrestre sur le schéma darwinien.
Bien que la première itération déjà évoquée de lézards extraterrestres (The Ghost of Guy Thyrle d’Edgar Fawcett, publié en 1895) soit restée sans filiation immédiate de par son caractère quelque peu confidentiel, les pulps allaient inévitablement la retrouver. Le premier exemple que nous avons pu exhumer est celui des reptiliens martiens présentés par Harl Vincent dans « The Ambassador from Mars » (Amazing Stories, Septembre 1928). L’architecte Frank Chandler est enlevé (au moyen d’une cigarette explosive!) par les Martiens à la requête d’un ami qui habite dans la planète rouge depuis belle lurette. Mars se meurt et la population (une sorte de sur-humanité illustrant l’idéal grec du kalos kagathos) est menacée par un peuple bestial, les Breggia, qui reprennent le motif wellsien du prolétariat troglodyte Morlock (il s’agit en fait de Neloias dégénérés par leur habitat souterrain) [1].
Le spectre de la dévoration (et pire encore) parachève la hantise de la révolte des classes dangereuses (déjà présentée comme anthropophages dans les célèbres caricatures contre-révolutionnaires de James Gillray), entièrement animalisées et monstrifiées [2]. La description des reptiliens, placée sous le regime de l’abjection kristevienne, brouille les catégories tout en inversant le sens anatomique du type établi (la tête reste ici humaine, dans la lignée des serpents anthropo-céphaliques de l’art chrétien) :
“with a shudder of disgust, Frank cast his ey’es on the first of the Breggia he had seen. The creature w’as fully’ forty’ feet in length and its body reminded Frank of some of the antedeluvian monsters he had seen in reconstructed skeleton form in the museum back in New York. This was a huge scaly lizard with a horrible and ferocious human head (…). The huge head, human, yet indescribably inhuman, swayed from side to side blindly’ in the light of a dozen searchlights. It was a horrid sight, terrifying in the extreme. Hundreds, thousands, of the Breggia swarmed into the square, packing it to the utmost” (1928: 495).
Frank trouvera le point faible qui permettrait de les exterminer, selon la logique génocidaire qui préside à ces fictions (une plante, l’Edlis, dont les effets toxiques s’avèrent mortels pour les reptiliens). S’ensuit une fabrication en masse d’armes biologiques qui n’est pas sans rappeler leur utilisation lors de la Première Guerre mondiale ainsi que la mobilisation totale qui caractérisa cette dernière [3]. Le combat qui en découle constitue lui aussi une transposition de l’horreur des tranchées (on pense inévitablement à la transformation fantastico-épique que Tolkien préparait au même moment de son expérience dans la « boucherie héroïque » de la Somme) [4]. Les Neolia réussiront à repousser l’attaque des Breggia, mais par une ironie cruelle, c’est la planète Mars au complet qui est ensuite détruite pour cause d’éruptions volcaniques.
Trois ans plus tard on retrouve des Martiens reptiliens sous la plume de l’inévitable Edmond Hamilton, dans « Monsters of Mars » (Astounding Stories, Avril 1931). Les Martiens y sont des humanoïdes affublés cette fois-ci de têtes de crocodriles (lointains héritiers, donc, du Sobek égyptien, dont le superbe buste, conservé au musée Ashmolean en a fait une icône souvent reproduite de l’égyptologie) :
« Those creatures were erect and roughly man-like in shape, but they were not human men. They were—the thought blasted to Randall’s brain in that horror-filled moment—crocodile-men. Crocodile-men! It was only so that he could think of them in that moment. For they were terribly like great crocodile shapes that had learned in some way to carry themselves erect upon their hinder limbs. The bodies were not covered with skin, but with green bony plates. The limbs, thick and taloned at their paw-ends, seemed greater in size and stronger, the upper two great arms and the lower two the legs upon which each walked, while there was but the suggestion of a tail. But the flat head set on the neckless body was most crocodilian of all, with great fanged, hinged jaws projecting forward, and with dark unwinking eyes set back in bony sockets” (1931: 9).
“The Martians! God, Milton! They’re not like anything we know—they’re reptilian!”, s’écrie l’un des explorateurs terriens (ibid). L’étrangeté de l’hybridation est renforcée par le caractère nettement technocratique de ces créatures constamment affairées autour de leurs machines. Cela leur vaut de figurer dans la superbe couverture du magazine et dans une belle illustration intérieure où se combine à nouveau la fusion entre le futurisme, l’archaïsme et la tératologie. Par une logique de la surenchère dans les combinatoires ahurissantes propre aux pulps, les Terriens (et les lecteurs) ne sont pas au bout de leur étonnement; les voici confrontés au « Martian Master » :
« Randall heard Milton and Lanier choke with the horror that shook his own heart and brain as he gazed. It was not simply another great crocodilian shape that sat upon that dais. It was a monstrous thing formed by the joining of three of the great reptilian bodies! Three distinct crocodile-like bodies sitting close together upon a metal seat, that had but a single great head. A great, grotesque crocodilian head that bulged backward and to either side, and that rested on the three thick short necks that rose from the triple body! And that head, that triple-bodied thing, was living, its unwinking eyes gazing at the three men!” (id: 11).
Contrairement au regime fantastique, le texte science-fictionnel traite cette monstruosité comme une anomalie explicable, invoquant un autre grand thème pulp, celui de la manipulation biologique :
“The Martian Master—this great head with three bodies! Reason told Randall, even as he strove for sanity, that the thing was but logical, that even on earth biologists had formed multiple-headed creatures by surgery, and that the Martians had done so to combine in one great head, one great brain, the brains of three bodies. Reason told him that the great triple brain inside that bulging head needed the bloodstreams of all three bodies to nourish it, must be a giant intellect indeed, one fitted to be the supreme Martian Master. But reason could not overcome the horror that choked him as he gazed at the awful thing” (id: ibid).
Selon un topos du « space opera » naissant, le Maître Martien veut envahir la Terre au moyen du même transmetteur de matière employé par les terriens pour le rejoindre. La justification est encore une fois une variation autour de l’idée-force géopolitique du « Lebensraum » avancée par Friedrich Ratzel, étant donné que la planète rouge se meurt (idée mélancolique affirmée par maints astronomes du XIXe siècle et sans cesse recyclée dans la fiction [5]) :
“Earth-beings, our great plan comes to its end now at last! At last! Age on age, prisoned on this dying, arid world, we have desired the earth that by right of power shall be ours, have sought for ages to communicate with its beings. You finally heard us, you hearkened to us, you built the matter-transmitting and receiving station on earth that was the one thing needed for our plan. (…) Through them within days all our Martian hordes shall have been flashed to earth! Shall have poured out over it and conquered with our weapons your weak races of Earth-beings, who cannot stand before us, and whose world you have delivered at last into our hands!” (id: 12)
Naturellement, les Terriens réussiront à déjouer ces plans et sauver notre planète de cette première tentative d’invasion extraterrestre reptilienne. En fait ce thème ne deviendra dominant que bien plus tard. Les pulps lui préfèrent d’autres combinatoires. Ainsi, si les reptiliens sont à nouveau à l’honneur (dès le titre lui-même) dans The Lizard-Men of Buh-Lo (Wonder Stories, Octobre 1930) de Francis Flagg, il s’agit plutôt d’une transposition extra-dimensionnelle des mondes perdus : William Swiff, génie scientifique féru des récits de Francis Flagg (métafiction qui a tout d’une publicité éhontée pour cet auteur relativement obscur), a ouvert un portail vers un autre monde, dans la quatrième dimension.
Celui-ci est divisé entre deux races d’humanoïdes hybrides : les hommes-colibri et les hommes-lézards. On retrouve la radicalisation du schéma des classes sociales antagonistes établi par H. G. Wells dans The Time Machine (1895), opposant deux référents animaux diammetralement opposés dans l’imaginaire victorien. D’un côté le peuple avien hérite de la représentation des fées et des femmes-oiseaux associées à une spiritualisation idéalisée de « l’ange du foyer »; de fait, Aeola combine les traits de la fée, de la femme-enfant et du Bon Sauvage [6]. De l’autre, les reptiliens incarnent la domination bestiale, massacrant la gente colibri pour se parer de leurs plumes et les offrir en sacrifice à leurs dieux (l’on pense inévitablement aux Aztèques, très souvent évoqués dans les pulps, et leur culte du quetzal) [7].
Comme l’on pourrait s’y attendre, Aeola est enlevée par les hommes-lézards et l’Homme blanc part à sa rescousse. C’est alors qu’il rencontre ces creatures qui ont accompli une sorte de raccourci évolutif :
« In the room, lolling on the couches and chairs or standing about were a number of beings the like of which I had never before seen. In general shape their bodies were human. They stood on two feet. They had two arms and a head. But they were not human beings as we understand the term. Their hands, their faces, were lizard-like. They were what one would expect lizards to look like if lizards should evolve into men. (…) They were the dominant inhabitants of this alien world” (id: 412).
Le récit reprend un des topoï de la Conquête des Amériques, la prétendue croyance des Aztèques qui virent Hernan Cortés comme incarnation du retour du dieu Quetzalcóatl [8]. Swiff est ainsi identifié à une idole et vénéré comme telle, ce qu’il exploite aussitôt [9]. L’extrapolation science-fictionnelle permet aussi une singulière réflexion sur la représentation des dieux, dont les formes fantastiques correspondent peut-être à d’autres formes de vie sur d’autres dimensions ou planètes (germe de la thèse des Anciens Astronautes)[10].
Sa connaissance du langage des signes dans lequel s’expriment ces créatures aidant, il se fait emmener devant la captive[11]. Le temple des hommes-lézards est comparé aux inévitables pyramides, sans que l’hypothèse des Anciens Astronautes soit cette fois évoquée (l’idée de palingenèse triomphant ici de celle du diffusionnisme culturel)[12]. Reprenant une célèbre réflexion de Cicéron (« Deux augures ne peuvent se regarder sans rire », De divinatione, II, 24), les prêtres-lézards ne sont pas dupes de la supercherie et comptent se débarasser de l’imposteur tout en bénéficiant de l’engouement populaire pour la divinité qu’il a provoqué[13]. Swiff passe aussitôt à la trappe où il devra se défaire d’une cohorte de plantes cannibales et d’une sorte de centipède horrifique, selon un « dramaxe » typiquement pulp que l’on retrouve à peu près à toutes les sauces, toutes catégories génériques confondues. Il n’y a plus qu’à échapper du puits, tuer le prêtre, endormir ses acolytes avec des bombes de gaz, délivrer la femme-colibri et retourner sur Terre où il découvrira qu’il était disparu pendant 10 ans, selon le topos du temps paradoxal fréquent dans les voyages interdimensionnels (que l’ufologie reprendra avec la notion du « missing time »).
The Golden amazons of Venus de John Murray Reynolds (Planet Stories, hiver 1939) est quant à lui un bon exemple de la mutation des mondes perdus vers le « planetary romance » dont ce magazine fut le vecteur principal. De fait, il est symptomatique qu’il fasse la couverture de ce premier numéro inaugural, où nous voyons illustrée la guerre dymorphique entre les Amazones et des sortes de reptiliens aux traits vaguement porcins (« Norton the earthman helps the fair warriors repel the invasion of the scaly ones », lit-on dans le blurb placé en épigraphe). Le premier plan représente une belle captive (en mettant en évidence ses golden breastplates, érigés en image de marque du magazine qui allait marquer durablement le fétichisme geek[14]) reprenant la topique du rapt érotique par les satyres chère à l’art classique. Le sex appeal sado-masochiste (caractéristique de plusieurs couvertures pulps, visant à attirer un lectorat majoritairement masculin en rivalisant dans l’outrance avec quantité d’autres publications similaires sur les mêmes newstands) est toutefois absent de l’illustration intérieure qui reprend la scène du combat épique avec beaucoup plus de détail (et de talent).
Le commandant du vaisseau spatial Viking Gerry Norton, « explorateur interplanétaire », est confronté aux reptiliens, hybrides qui encore une fois brouillent les catégories tout en évoquant la stéréotypie des tribus « sauvages » des « lost-race tales » :
« He abruptly halted as half a dozen men appeared on the far side. That is, Gerry thought of them as men for lack of a better term. They were like nothing he had ever seen on either Earth or Mars or any of the planetoids between. Lean bodies were covered with glistening gray scales. Though the hands seemed human, the feet were clawed and webbed. Short, flat tails hung behind them. The faces were scaleless, low-browed and green-eyed, with a jutting mouth and nose that came together in a sort of snout. They had pointed ears that stood sharply erect. Their general appearance was a little more on the animal side than the human, but they had swords slung at their belts and carried short-barreled rifles” (1939: 9).
Ces creatures se sont emparées d’une belle Amazone, selon la topique héritée des satyres de l’Antiquité dans les romans d’aventures coloniales (ici, comme dans la couverture, fétichisée)[15]. Norton délivre la « damsell in distress » à la manière howardienne, c’est-à-dire par un étalage de violence virile qui ne semble pas toutefois impresionner outremesure l’Amazone, fidèle à sa filiation mythologique[16]. S’ensuivent une série de confrontations épiques entre les « Scaly Ones » et les « Fair Warriors », sorte de transposition de la guerre des sexes qui anime souvent les représentations des Amazones où les reptiliens incarnent non seulement une masculinité bestiale mais aussi les « monstres du Ça » si fréquents dans l’imaginaire science-fictionnel.
Ils finiront par s’emparer du héros et de son équipe pour les emmener à travers la « terre gaste » de Giri-Vaaka jusqu’au palais de Lansa, tyran de Venus. Ce dernier s’avère être un terrien naufragé qui, selon un schéma déjà rencontré, a été vénéré par les reptiliens et en a pris le contrôle, les embrigadant dans une mobilisation totale pour la conquête de la planète, puis de l’espace[17]. Il n’est pas difficile, dans le contexte de cette année 1939, d’y voir une transposition à peine voilée du Führer himself[18] (ce dont se souviendra Kenneth Johnson lorsqu’il concevra sa série culte des eighties, V).
Dans la lignée des Mahars burroughsiens et devançant David Icke, les reptiliens sont des emblèmes de sadisme. S’ils utilisent des humains mutants en guise de tortionnaires (étrange prémonition des Kapos concentrationnaires?), leur plaisir est manifeste lorsqu’ils assistent à une séance de torture clairement marquée par le sado-masochisme des « shudder pulps » (qui témoignent à leur manière de l’intensification des fantasmes psychopathologiques qui accompagnèrent la crispation de la décennie) ou encore à une ordalie héritière des romans de mondes perdus (la confrontation sur l’arène des captifs avec un monstre archétypal, ici, comme dans d’autres exemples déjà évoqués, incarné par une sorte de ptérodactyle)[19]. Norton et les siens réussiront, on s’en doute, à survivre à ces épreuves et à rejoindre les Amazones qui réussiront, après une bataille épique et anachronique où les armes les plus archaïques côtoient les plus futuristes (à grands renforts de « pistolets à gas », « rayons-alta » et autres « rayons-tubes »), à exterminer les reptiliens venus envahir la citadelle de Larr [20].
Les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale allaient bientôt éclipser ceux, imaginaires, de Venus ou d’ailleurs. Après leur incroyable éclosion dans les pulps au lendemain de la Grande Guerre, les reptiliens semblent disparaître avec le nouveau conflit planétaire[21]. Dans un sens, les deux phénomènes peuvent sembler également mystérieux et l’on serait en peine d’y voir des obscures causalités sociohistoriques à l’œuvre. Toutefois, au niveau de leur inscription dans les pulps, on peut émettre quelques hypothèses : tout d’abord les pulps eux-mêmes, qui avaient été leur habitat naturel, entrent alors en franche décadence, bientôt substitués par d’autres formes de fiction populaire (comic books, paperbacks et Men’s Adventure Magazines) qui feront un tri sélectif de leur legs.
Étroitement associés aux mondes perdus où ils ont émergé et dont ils ont porté la trace malgré leurs migrations vers la Fantasy ou la SF, les reptiliens ont aussi pâti de la lente agonie du genre (pour lequel la Seconde Guerre Fatale a été en grande partie fatale). Par ailleurs le type de science-fiction où ils pouvaient s’inscrire de par leur outrance allait être, aux lendemains de la bombe atomique, sérieusement mis en cause. D’autres créatures (les robots, les mutants, les extraterrestres moins caricaturaux) allaient être privilégiées dans cette nouvelle science-fiction plus « adulte ».
Mais les reptiliens allaient survivre dans l’ombre, en attendant de regagner peu à peu du terrain jusqu’à trouver une époque à nouveau favorable à leur éclosion.
[1] “He learned of the Breggia, the loathsome creatures who were the product of their underground environment, through ages of living near the sub-surface sea, where their ancestors, who had originally been Neloia, had fled in terror during an ancient period of quakes, landslides and other wddespread surface disturbances which had, at one fell swoop, killed off half of the inhabitants of the planet. These creatures had degenerated through eons of time into amphibian monsters, retaining some of the features and brain capacity of the Neloia, but with bodie.s of reptiles and with eyes that could see only in darkness. Carnivorous they were, of necessity, feeding upon the fish and other creatures that abounded in the inner recesses of their realm. The Neloia feared them not in .sunlight, but in darkness the raids of the Breggia were frequent and sometimes of serious consequence in the number of Neloia killed and ill the destruction of considerable areas of the farm lands in the valley surrounding the city. Their realm was in no wise connected with the underground workings of the Neloia, hut a constant dread of the Breggia finding a means of tunneling through or of the forces of nature opening passages to their stronghold filled the minds of the harassed people” (1928: 494). Comme les Morlocks, les Breggia sont photophobiques.
[2] “They simply filled the streets, covering every’ portion of exposed pavement so that nothing in their path could escape. When they came upon one of the Neloia who had failed to get under cover in time, he was generally’ killed by breaking his neck and carried away when they retired. Sometimes though, he might be borne away in triumph, alive, for later subjection to unspeakable horrors of torture” (id: 495)
[3] “All available workers were sent below to search the uncultivated underground passages and caverns for the now precious Edlis. Every chemical laboratory that could he spared from regular food production was turned over to the process of extracting the sap from the fibres of the suddenly important growth. Dozens of manufacturing establishments were re-tooled and equipped to produce large numbers of compressed air rifles for the hurling of breakable capsules of deadly liquid against the thick scaly hides of the Breggia. Thousands of men began their instruction in the use of the new weapons (…) Over ten thousand of the special rifles had been constructed and nearly five thousand men were at work filling and sealing the capsules to be fired from these weapons” (id: 500)
[4] “A company of Frank’s Neloia clamored over the rampart and, lying face down at the edge of the precipice, fired round after round into the yelling, milling group below. The stricken Breggia, piled high in their scrambling death agonies, clawed at the walls in efforts to reach their tormentors. Reinforcements rushed forward with incredible rapidity, climbing over the dead and dying in frantic rushes toward the top. The pile had become so great that with a tremendous running leap, one of the largest of them reached the edge and clawed wildly for a section of the rampart, which broke away in its powerful grasp. It had gained a footing and Frank rushed to the aid of his Neloia at that point. This one had enormous resistance, since it had been literally spattered with the deadly juice of the Edlis in the bursting capsules fired from every angle. Frank discharged his own weapon full in the slavering mouth of the creature and with a screech and a fright- ful curse, it lost its footing, floundered on the rim of the plateau, clawed for a new hold. Then, whimpering, and with several of the terrified Neloia clasped to its slimy breast, it tumbled over the edge to join the mass of its fellows below” (id: 501-2)
[5] L’excellente étude de Robert Markley en fait même l’objet de son titre : Dying Planet: Mars in Science and the Imagination, Duke University Press Books, Year: 2005
[6] “Glorious beings, they were, their wings all colors of the rainbow, oddly human-like, with bodies the size of five or six year old children’s. Several of them hovered over the bal-wheel and stared in at me with curious eyes. They did not seem at all timorous. When I stepped out of my machine they crowded around me in great numbers (…) Aeola was like an affectionate child, crawling all over me, hugely interested in the clothes I wore, the ticking watch I drew from my pocket for her edifica- tion. This latter contrivance mystified her and her fellows, made them afraid. Aeola was the only one who finally grew familiar enough with it to take it in her hand. She would hold it to her head, shake it, caress it, and I am quite sure thought it alive” (1930: 410)
[7] “Among the exotic looms, lying limp and pitiful on the vividly green grass, were the bodies of a dozen Hummingbird People. They had been slaughtered, killed. And not only butchered but despoiled. For the gauzy and gloriously colored pinions were gone, stripped ruthlessly from the quiver- ing sides as hunters callously pluck plumes from birds of paradise, from living breasts of mother birds, from flaming wings and tails of egrets. In their homes on the swaying branches, I found many of the Humming- bird People crouching together like frightened children and sobbing with terror (id: 411)
[8] La question de la véracité de ce récit est sujette à caution, v. notamment Miguel León-Portilla « Quetzalcóatl-Cortés en la Conquista de México”, Historia Mexicana, Vol. 24, No. 1 (Jul. – Sep., 1974), pp. 13-35
[9] ” But the amazing thing about this figure was that in face and body it depicted not a lizard- like man, but a human-being such as myself, and instead of being stained a dark hue it was colored a cream- white. I stared at this carved figure, thunderstruck; as much so as the lizard-men, though for a different reason. The resemblance of the statue to myself evidently filled the latter with astonishment and awe.” (…) I was deity made flesh. (…) I realized that here was presented a miraculous opportunity for me to exercise power over these people” (id: 412)
[10] « I did not stop to ask myself how it happened their god should be fashioned like earthly man. After all, have not human beings carved strange unearthly idols, idols like nothing human, and worshipped them? Perhaps on some other plane, or in some other distant planet, these idols have their counterparts in living beings.” (id: ibid)
[11] Si l’idée des hommes-lézards s’exprimant comme des sourds-muets terrestres a de quoi surprendre, la teneur de leurs discours proférés de la sorte, sorte de pastiche du langage fleuri des « sauvages » dans maint roman d’aventures transposé en dialogues du théâtre Symboliste (est-ce l’influence de Maeterlink, lui-même chantre des abeilles?), est carrément délirante : « ‘In the flowery glade of the forest sacred to my name have the Ah-wees killed and de- spoiled the beloved of Tee-a-tola, the singing ones with wings of silver, and gold ; and one they carried off to torture in captivity. The cries of the singing ones rose to me in Ha-vaa and I looked down and saw the blood of their innocence upon the ground. Therefor I came to earth in a ball of glass, for has it not been known that Tee-a-tola would descend from Ha-vaa to rebuke his children, the Ah-wees, if they continued to sin against his divinity?’” (id: 413)
[12] “In the center of the mass rose a dark cupola which shone like burnished metal, surrounded with a network of smaller cupolas. So much I could see at a glance, but more could not discern because of the temple’s vastness. Only its color seemed that of an exotic flower — a flower whose myriad hues shifted and changed and were never twice the same. You may imagine with what emotions I stared at this master- piece of architecture. How had the lizard-men with their probable primitive methods of construction and inadequate tools built such a place ? Then I recollected the pyramids of Egypt, the wonderful temples of the Greeks and Romans. What one race could do, another could also accomplish” (id: 413-4).
[13] “Palpably he was doubtful of my divinity. Probably he did not believe in the miracle of gods descending from heaven. Many priests are not faithful believers of their own dogmas (…) “ ‘The priests of Tee-a-tola are no rabble to be easily deceived. From what country thou art we know not, but perchance from the unknown lands across *Marah, the great ocean. On those lands there be many strange things ; the beast that crawls on seven claws ; and crea- tures like to thyself. That thou art not the Living God is plain to be seen (…) But it is not needful that others should knoW this. Great will be the faith of the Ah-wees who, with their own eyes, have seen Tee-a-tola; and great will be the power of the priests La-lor and A-hura who heard the last commands of Tee-a-tola and saw him vanish.’ (id: 414-5)
[14] A. Domínguez Leiva, “Érotique de Star Wars (1) : du refoulement au golden bikini » http://popenstock.ca/dossier/article/%C3%A9rotique-de-star-wars-1-du-refoulement-au-golden-bikini
[15] “In the center of the group was a woman. She was naked except for a scarlet loin-cloth and golden breast-plates. This was no semi-reptilian creature, but a woman straight and clean-limbed and beautiful, with long blonde hair that hung nearly to her waist. She had blue eyes, and her skin was about as white as Gerry’s own, though it had a faintly tawny tinge so that she appeared all golden. At the moment her hands were tightly tied behind her back and a cloth gag distended her lips, while one of the Scaly Men led her along by a rope about her neck” (id: ibid)
[16] Pour une analyse du contexte culturel et idéologique de cette virilisation par la violence, v. Pierre-Luc Pauzé (2016).
[17] “I am a god—to these people,” Lansa replied quietly. “Though the Stardust was damaged too badly to return to earth, little of her equipment was harmed except for the rocket tubes themselves. Within six months after landing I had made myself master of these primitive but obedient people. (…) I have now developed the resources of this country to the point where the final campaign is ready,” Lansa boasted, “all these reptile men needed was a man of sufficient brains and initiative to lead them. We are making ray-tubes, modeled on those aboard the Stardust, and will soon be able to blast down the guardian forts of Savissa and to conquer those few other portions of this planet that still stand against me. Then I will return to the Earth in your Viking, taking with me enough gold to buy a vast fleet of ships. There is more gold available here on Venus than all your banks on Earth have ever imagined! I could make myself ruler of Earth with all that gold, but I will choose another method. I will bring back the space-ships, and load them up with my scaly warriors—and then sail to conquer the Outer Planets and whatever else may lie beyond the Solar System!” (id: 25-6)
[18] “The man was undoubtedly mad. Stark, raving mad! No one but a maniac would cherish such a wild dream of Universal conquest. He had that dangerous combination of natural cleverness and distorted values that has often distinguished leaders who have taken nations into the shadowy valleys of ruin. For a moment Lansa hesitated, his narrow eyes blazing and one arm flung up in a dramatic gesture” (id: 26).
[19] L’on reconnaît le cliché des jeux du cirque romains qui hante ce motif chéri des mondes perdus, férus de culture classique on ne peut plus scolaire : « The winged lizard checked its flight momentarily some ten feet off the ground, directly above one of the captive Amazons. Then he dove down. The girl screamed and twisted away to the length of her tether, and the toothed beak just missed her. (…). Gripping the writhing Amazon with his beak and his clawed feet, the dakta flapped his great wings and soared upward again. Two more of the hunters fired together. One of the explosive bullets missed entirely, the other blew one of the girl’s legs to pieces but did not harm the monster that held her.Then Lansa tossed aside his green robe and stood up. Gerry saw that he held a ray-tube (…) Murky light played around its muzzle. The dakta gave a shrill and almost human scream. Then it dropped its mangled victim and fell twitching to the ground. Its leathery skin was turned black where the ray-blast had struck it. Along the edge of the field, the close packed crowds broke into wild cheering and Lansa acknowledged it with a condescending gesture of one upraised arm” (id: ).
[20] “The war drums of the Scaly Ones were silent at last, while the trumpets of Savissa raised a long-drawn paean of vengeance. Out of the ruined and flaming city fled the Reptilian men, while troops of swift-footed Amazons hung on their flanks and rear with twanging bows. Back across the plains toward the border they fled—and ran squarely into the grim thousands of the Green People who tore them apart with the savagery of an oppressed race just finding their souls again. The few that survived, out of the powerful army that Lansa the mad Earth-man had brought eastward to attack Savissa, were a handful who fled back across the land of Giri and vanished into the desolate Vaaka marshes from which their people had first emerged generations before” (id: 50).
[21] Comme on l’a déjà signalé, il est difficile de se prononcer sur l’ensemble de la production des pulps, les deux immenses Sommes de Bleiler (1990, 1998) s’arrêtant par ailleurs en 1936, ce qui fait que la production ultérieure est nettement moins bien balisée, pour ne pas dire entièrement méconnue, outre les œuvres qui ont pu survivre dans des anthologies ultérieures. L’imaginaire des pulps reste un des immenses chantiers de la culture populaire à défricher et étudier, étant un véritable laboratoire de tout ce qui allait suivre comme on espère l’avoir démontré dans ces pages.
Everett F. Bleiler, Science-Fiction: The Early Years, Kent State University Press, 1990
Science-fiction: The Gernsback Years, Kent State University Press, 1998
Robert Markley, Dying Planet: Mars in Science and the Imagination, Duke University Press Books, Year: 2005
Pierre-Luc Pauzé, « La pulp fiction virile des années trente : une étude de l’influence de l’infrastructure économique sur les codes de la masculinité inscrits dans les textes de hardboiled et d’aventures » Mémoire de Maîtrise en études littéraires, Université du Québec à Montréal, 2016 en ligne sur https://archipel.uqam.ca/9190/
Leiva, Antonio (2022). « D’où viennent les reptiliens? (6) ». Pop-en-stock, URL : [https://popenstock.uqam.ca/articles/dou-viennent-les-reptiliens-6-les-lezards-de-lespace], consulté le 2024-11-21.