Dans le cadre de sa maîtrise en études littéraires à l’UQAM, Sarah Grenier-Millette a rédigé un mémoire intitulé Sherlock (2010) et la renaissance contemporaine du mythe holmésien.
En studio, Pop-en-stock a lui a organisé une soutenance POP, une première pour le podcast Pop-en-stock. Après avoir épluché son mémoire et maintenant rassemblés sur le panel de discussion, Jean-Michel Berthiaume, Gabriel Tremblay-Gaudette et Megan Bédard, ont bombardé (gentiment) de questions la future maître ès lettres.
La soutenance POP
La soutenance POP est un concept bien original à l’émission de Pop-en-stock. C’est une initiative qui nous incite à venir offrir une soutenance aux étudiant.e.s qui dévouent leur travail d’études supérieures à un sujet provenant de la culture populaire.
La soutenance est un moment privilégié pour venir questionner les hypothèses du mémoire ou de la thèse et c’est aussi un temps isolé pour souligner le bon travail des étudiant.e.s.
Résumé du mémoire
Depuis sa première apparition dans A Study in Scarlet, Sherlock Holmes, personnage créé par Arthur Conan Doyle en 1887, a fait sa place au sein de la culture populaire en tant que figure mythique à travers les multiples adaptations libres dont il a fait l’objet et, ce, depuis la fin du XIXe siècle. On remarque pourtant, au XXIe siècle, certains cas isolés et très récents de transpositions contemporaines actualisées de la figure du détective de Baker Street, soit Elementary (Robert Doherty, 2012–) et Sherlock (Mark Gatiss et Steven Moffat, 2010–). C’est cette dernière actualisation qui nous intéresse ici. Ce que nous offrent Mark Gatiss et Steven Moffat, créateurs de Sherlock, c’est un Sherlock Holmes hypermoderne, une remise à zéro du personnage qui apparaît au XXIe siècle comme pour la première fois, mais chargé de tout un bagage intertextuel issu des variations précédentes. S’établit alors un formidable jeu de reconstruction du canon holmésien puisque le glissement temporel permet de bâtir une version neuve, à partir d’intertextes, d’un personnage et d’un univers peut-être un peu usés par un passé d’adaptations répétées.
Ce mémoire a pour but d’étudier la série Sherlock en soulignant sa place au sein du mythe holmésien transmédiatique et la manière dont elle effectue une relecture de la figure de Sherlock Holmes à la lumière du XXIe siècle par la transposition temporelle et la présence d’une large communauté active de fans impliquée à divers degrés dans la persistance du mythe. Tout d’abord, le mythe holmésien sera inscrit dans l’évolution du mythe littéraire vers le mythe transmédiatique émancipé. Cette analyse permettra de démontrer comment Sherlock affirme le mythe holmésien et y participe à travers la relecture de certains personnages, tels que Sherlock Holmes, John Watson, Irène Adler et James Moriarty. Nous verrons comment cette adaptation se définit par la construction d’un monde hypermoderne, pendant néo-victorien de l’Angleterre de la reine Victoria, dans une logique très proche de celle du reboot et de l’uchronie. En effet, si Conan Doyle, à travers ses récits policiers, exposait un commentaire sur sa société, Moffat et Gatiss proposent, eux aussi, avec leur série, un miroir des questionnements sociaux du XXIe siècle, principalement en ce qui concerne notre rapport aux technologies de la communication, mais surtout à la figure du surhomme hypermoderne et à la question de l’amitié masculine, de la marginalité et de la sociopathie.
Suppléments
Cliquez ici pour accéder à la bande annonce du très attendu épisode du Temps des fêtes.
En prime, vous pouvez même jeter un premier coup d’oeil à cette scène où Mme Hudson se révolte de la fonction minimale de son personnage dans les récits écrits par Watson.
Pour découvrir un peu le jeu The Testament of Sherlock Holmes dont a parlé Megan Bédard.
Vous voulez savoir à quoi ressemble le mouvement #ibelieveinsherlock? Cliquez ici pour le découvrir.
Et un petit bonus pour voir à quoi ressemble une vidéo de théorie de fan sur la mort de Sherlock.
Petite biblio des ouvrages mentionnés
Francis Lacassin. 1993. Mythologie du roman policier, Paris: Christian Bourgeois.
Alan Barnes. 2011. Sherlock Holmes on Screen. The Complete Film and Television History, Londres: Titan.
Ann Heilmann et Mark Llewellyn. 2010. Neo-Victorianism: The Victorians the Twenty-First Century, 1999-2009, New York: Palgrave Macmillan.