La prison est un espace social où, derrière de hauts murs qui protègent des regards, la violence de l’État s’exerce dans toute sa nudité. Cette incapacité à voir ce qui se produit à l’intérieur de ces murs pour tous ceux qui sont situés à l’extérieur alimente une curiosité que l’imaginaire cherche à satisfaire. Ainsi, il n’est pas étonnant que les œuvres de fictions regorgent de représentations d’espaces carcéraux, que ce soit dans les livres, les films ou les séries télévisées.
Toutefois, pour plusieurs auteurs, le fait que la population vive presque exclusivement son rapport à la prison par le biais de représentation fictive entraîne une vision déformée de l’espace carcéral (Combessie, 2003; DAP, 2003; Wilson et O’Sullivan, 2004; Roberts et Hough, 2005; Filippini, 2009; Cecil, 2015; Bougadi, 2016). En effet, plusieurs études statistiques dressent un portrait peu flatteur de l’état des connaissances des populations occidentales quant aux prisons: celles-ci souffrent d’une méconnaissance généralisée de l’espace carcéral et tendent à sous-estimer la dureté des conditions d’emprisonnement (Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées, 1996; Roberts et Hough, 2005; Direction de l’administration pénitentiaire, 2007).
Cette situation de désinformation est renforcée par le fait que les représentations fictives de prisons sont moins le reflet d’une réalité objective que d’une vision idéologique de l’espace carcéral. En effet, en analysant l’évolution des représentations carcérales au cinéma et à la télévision à travers les décennies, David Wilson et Sean O’Sullivan (2004) ont montré que les préoccupations qui sont soulignées par ses représentations dépendent intimement du contexte idéologique historique dans lequel elles ont été créées. Stavroula Bougadi (2016) appuie la thèse de Wilson et O’Sullivan en concluant que les représentations fictives de l’espace carcéral sont intimement liées à l’idéologie dominante de la criminologie au moment de leur création.
Par ailleurs, Wilson et O’Sullivan soutiennent que les représentations carcérales fictives délimitent ce qui sera ensuite considéré comme une interprétation plausible de la réalité carcérale. Ainsi, les informations erronées et biaisées idéologiquement qui sont contenues dans les œuvres de fictions en viennent à constituer un point de référence à partir duquel est analysée la crédibilité de nouvelles informations, par exemple celles apportées dans des discours partisans.
À notre connaissance, les études portant sur les représentations fictives de la prison se limitent toutefois aux œuvres dont la trame narrative se situe dans le présent. Pourtant, les représentations futuristes des prisons participent au processus de construction sociale de l’imaginaire collectif et influencent le public bien plus qu’on ne pourrait le croire.
En effet, les œuvres futuristes, qu’elles soient utopiques ou dystopiques, visent à critiquer le présent: les premières le font en présentant un futur idéal, alors que les secondes le font en projetant dans l’avenir et en amplifiant les traits critiqués au sein d’un futur qu’on souhaite éviter (Dilas-Rocherieux, 2007). Ainsi, les œuvres futuristes influencent les processus décisionnels présents puisqu’elles transforment l’imaginaire collectif à partir duquel on se représente les conséquences futures de nos décisions présentes (Dominici, 2016).
En somme, il apparaît socialement et scientifiquement pertinent de se poser la question suivante: comment les préoccupations par rapport aux politiques pénales et carcérales contemporaines employées dans le cadre d’un régime démocratique sont-elles représentées dans les films modernes de science-fiction?
Comme on l’a mentionné, il semble exister une concordance entre les courants dominants de la criminologie contemporaine et les représentations fictives de politiques pénales et carcérales (Bougadi, 2016). Ainsi, on peut soumettre l’hypothèse que les préoccupations par rapport aux politiques pénales et carcérales contemporaines employées dans le cadre d’un régime démocratique seront également représentées dans les films récents de science-fiction en concordance avec les courants dominants de la criminologie contemporaine.
Pour valider cette hypothèse, on procédera à l’analyse qualitative de trois œuvres de sciences-fictions, soit les films Minority Report (2002), Lock out (2012) ainsi que la trilogie The Purge, soit les films The Purge (2013), The Purge 2: Anarchy (2014) et The Purge 3: Election Year (2016). Ces œuvres ont été choisies parce qu’elles ont obtenu un grand succès populaire et financier, parce qu’elles ont été produites à une époque similaire et parce qu’elles présentent toutes une politique pénale ou carcérale mise en place dans un avenir rapproché au sein d’un régime démocratique.
Avant d’analyser les trois œuvres, posons quelques bases théoriques. Lorsqu’on procède à l’étude des prisons, qu’elles soient réelles ou fictives, on ne peut se contenter de les analyser «comme un fait social total, comme un système social fermé, comme une société distincte avec ses structures et ses fonctions» (Rostaing: 29). En effet, on doit plutôt analyser la prison comme un espace social, dans son rapport avec le reste du monde. Pour ce faire, nous emploierons les théories des sociologues Loïc Wacquant et Nicolas Rose, qui analysent le système pénal et carcéral contemporain à la lumière du paradigme social actuel, qui est marqué par la prédominance économique et politique du néolibéralisme et par la révolution informatique.
Dans La fabrique de l’État néolibéral: «Workfare», «Prisonfare» et insécurité sociale (2010), Loïc Wacquant montre comment les transformations de l’économie mondiale ont également entraîné une transformation de la fonction sociale des prisons dans les dernières décennies, tout particulièrement aux États-Unis. En effet, la classe ouvrière sous-qualifiée, en grande partie composée d’individus racisés, a été frappé durement par l’avènement simultané d’une économie postindustrielle, caractérisée par la délocalisation, la robotisation et la dématérialisation des échanges, ainsi que de la domination politique du néolibéralisme, qui élève au rang de technologie optimale de maintien de l’ordre social les mécanismes de marché et la responsabilisation individuelle.
Dans le paradigme fordiste et keynésien de la société industrielle, l’État aurait déployé son filet social pour gérer les conséquences sociales de ces transformations économiques, puis aurait réduit ses programmes lors de la relance économique afin de «faire respecter la discipline du travail en repoussant les [bénéficiaires] vers le marché de l’emploi» (Wacquant: 154). Toutefois, dans une société néolibérale, cette intervention cyclique de l’État social est considérée comme illégitime. Ainsi, les autorités remplaceront le recours temporaire au filet social par un recours permanent au filet carcéral afin de gérer la pauvreté.
Pour Wacquant, cette expansion contemporaine du champ carcéral de l’État est également associée à une transformation de ses finalités: la prison est passée «d’un objectif de réforme des détenus […] à une logique de simple stockage, la fonction du châtiment se réduisant à punir et neutraliser» (Wacquant: 155). La surpopulation carcérale, l’épuisement des ressources de l’État et la privatisation partielle ou totale des services carcéraux constitueraient effectivement des conditions où la réhabilitation sociale des détenus ne serait ni possible, ni désirée par les autorités. En bref, pour Loïc Wacquant, l’État pénal a aujourd’hui pour principale fonction de «soulager la société des pauvres» (Wacquant: 157).
Nikolas Rose, dans Government and Control (2000), affirme que le mode de gouvernement dominant de la société contemporaine est le contrôle, soit une série de mécanismes continus de surveillance et d’identification. Ces mécanismes prennent place dans l’ensemble des interactions sociales où l’on doit s’identifier par des codes ou de pièces d’identité. Chaque identification permet de récupérer des données personnelles sur les individus, puis de stocker ces données.
Le contrôle comme mode de gouvernement entraîne de grandes transformations au sein des institutions pénales et carcérales: elles passeront d’une fonction normative à une fonction de neutralisation du risque. En effet, les criminels sont perçus, conformément à une approche néolibérale de la criminalité, comme un acteur rationnel qui fait le choix de se lancer dans l’entreprise criminelle et de porter atteinte à la propriété individuelle, qui est fondamentale pour le marché. Grâce aux mécanismes de surveillance et d’identification, les institutions pénales et carcérales peuvent adopter des techniques actuarielles, traitant les criminels comme des unités statistiques appartenant à des groupes à qui on associe un niveau de risque de récidive, de dangerosité potentielle. En d’autres termes, les institutions pénales et carcérales n’ajustent plus la peine ou les conditions de détention en fonction des actes qu’a commis l’individu par le passé, mais en fonction des actes qu’il pourrait commettre à l’avenir d’après un calcul actuariel.
Dans cette œuvre, qui se situe en 2055, la compagnie privée Précrime parvient à prédire les meurtres grâce à trois individus, les Précogs, qui ont développé la capacité de voir l’avenir en raison de mutations génétiques. Les meurtres ont diminué de 90% six mois après l’embauche de Précrime à Washington et aucun meurtre n’a été commis dans les six dernières années. L’atteinte de ces résultats découle tant de la capacité de prédire l’avenir des Précogs que du fait que l’espace public est parsemé de scanneurs rétiniens permettant d’identifier en temps réel tous les individus qui y circulent.
L’efficacité de Précrime a essentiellement éliminé le besoin des forces policières traditionnelles dans la ville de Washington, réduisant le rôle des policiers traditionnels à celui de patrouilles de quartier. L’intrigue du film se situe d’ailleurs à un moment où l’application de Précrime à l’ensemble des États-Unis est soumise à un référendum national et où le ministère de la Justice des États-Unis cherche à prendre le contrôle de l’entreprise privée.
Par ailleurs, la compagnie Précrime utilise son propre espace carcéral privé, appelée «centre de confinement» et constitué d’une grande salle où les individus arrêtés sont plongés dans un sommeil artificiel à perpétuité. Ces individus n’ont aucun recours, aucune possibilité d’être relâchés: on ne leur fait même plus la lecture de leurs droits lors de l’arrestation, car ils n’en ont aucun.
On peut voir dans cette œuvre une représentation qui reflète parfaitement la pensée de Nikolas Rose. En effet, Précrime illustre essentiellement quatre logiques:
Il existe clairement un lien entre le contexte contemporain dont parlent Wacquant et Rose, soit celui d’un paradigme économique et politique néolibéral où le marché fait office de mécanisme optimal de régulation de l’ordre social, et la première logique. Les trois autres logiques reflètent toutefois davantage la pensée de Rose. En effet, elles reflètent parfaitement une société où la logique du contrôle et de la gestion du risque ont été poussées à leur paroxysme par le progrès technologique: le calcul actuariel du risque est simplement remplacé par la préséance presque parfaite des Précogs, l’emprisonnement comme méthode de neutralisation du risque est remplacé par le confinement en sommeil artificiel et la surveillance ainsi que l’identification s’effectuent grâce aux données biométriques plutôt que par l’utilisation d’un code ou une pièce d’identité.
La principale préoccupation exprimée dans cette œuvre est soulevée par le fait de châtier des individus pour des actes à venir plutôt que pour des actes qu’ils ont commis: si l’on admet que l’être humain est doté de libre arbitre, on comprend que de chercher à prédire ses comportements comme s’ils étaient déterminés est une entreprise qui mènera inévitablement à des erreurs. Il s’agit donc d’une préoccupation intimement liée aux droits humains et à la protection contre les châtiments injustes.
Dans cette œuvre, qui se situe en 2079, on retrouve une représentation carcérale à travers Maximal Security 1 (MS-1), une prison spatiale qui accueille les délinquants les plus dangereux de la planète pour les plonger en état de stase, c’est-à-dire dans un sommeil artificiel, permettant ainsi d’éviter les risques d’évasion ou de violence physique et sexuelle. MS-1 est un projet privé, supervisé par le gouvernement des États-Unis, et dont les investisseurs principaux sont des compagnies d’exploration aérospatiale.
L’intrigue du film débute avec une enquête menée par la fille du président des États-Unis quant aux conditions de détention sur MS-1, enquête dont les conclusions détermineront si le projet obtient les autorisations nécessaires à son expansion. On en vient à découvrir que la prison sert à transformer les détenus en cobayes pour les compagnies qui la financent, les médecins présents ayant pour rôle d’étudier les effets secondaires de la stase sur le corps humain plutôt que de soigner les détenus.
On peut voir dans cette œuvre une représentation qui reflète en partie la pensée de Loïc Wacquant et de Nikolas Rose. En effet, MS-1 illustre essentiellement trois logiques:
Comme on l’a mentionné précédemment, la première logique est intimement liée au paradigme politique et économique néolibéral que décrivent Wacquant et Rose. Il existe également un lien clair entre la nouvelle fonction des institutions pénales et carcérales selon Rose, soit la neutralisation du risque, et la logique de neutralisation des détenus, présentés comme les plus dangereux délinquants de la planète, par la ségrégation carcérale et le recours au sommeil artificiel. Enfin, la troisième logique semble être une adaptation du discours de l’institution carcérale face aux sensibilités démocratiques quant aux droits humains, un sujet que n’abordent ni Wacquant ni Rose.
Les préoccupations exprimées dans l’œuvre sont également liées à ces trois logiques. En effet, l’œuvre représente un des effets pervers de la privatisation de la prison, soit la marchandisation des corps des détenus. Lock out présente également comment la logique de neutralisation est violente: si l’on considère la stase comme une métaphore de l’isolement carcéral, on comprend que les effets secondaires associés à la stase constituent également une métaphore de la violence psychologique qu’impose l’isolement carcéral. Enfin, l’œuvre exprime une préoccupation quant à la façon dont les discours portant sur l’espace carcéral dissimulent la violence qui y est exercée et empêchent une prise de décision démocratique éclairée.
La trilogie The Purge se situe aux États-Unis entre 2022 et 2025. Après une grave récession et une crise financière sans précédent, la criminalité et la pauvreté ont grimpé en flèche. Dans ce contexte, le parti des Nouveaux Pères fondateurs a été élu et, par décret, a instauré une purge annuelle: chaque année, la nuit du 21 mars, pendant 12 heures, tous les crimes sont autorisés et les services de secours sont suspendus. Les seules restrictions qui s’appliquent sont l’interdiction d’utiliser des armes de catégories cinq ou plus ainsi que l’immunité totale des membres du gouvernement. Depuis, le chômage et la criminalité atteignent des niveaux historiquement bas.
Officiellement, l’objectif de la purge est de purifier les individus des pulsions violentes qui causent la criminalité en leur permettant de les déchaîner dans un cadre précis, institutionnalisé. Néanmoins, dès le premier opus de la série, on dénonce l’objectif officieux de cette politique, qui est de purger la société de ses pauvres, qui n’ont pas les moyens de se défendre durant cette soirée.
À mesure qu’on avance dans la trilogie, le caractère raciste de la purge ressort: les pauvres sont presque exclusivement joués par des individus appartenant à des groupes racisés et les riches, à l’inverse, sont représentés uniquement par des blancs. D’ailleurs, le gouvernement, dans le troisième opus, emploie des milices paramilitaires néonazies pour éliminer une candidate présidentielle qui souhaite abolir la purge. L’esthétique des groupes révolutionnaires qui combattent la purge s’inspire même de celle des Black Panthers, notamment par le port du béret noir.
La purge entraîne également le développement de nouveaux marchés. En effet, le personnage principal du premier opus est un homme qui a fait fortune en vendant des systèmes de sécurité aux individus aisés. Dans le second film, on remarque le développement d’un marché de la vente d’armes à feu et de protection, mais également de marchandisation des corps: des familles fortunées paient pour que des gens âgés et malades acceptent de se rendre dans leur maison afin d’y être abattus sans risque ou bien paient des individus pour qu’ils capturent des proies à abattre. Dans le troisième film, on voit que se développe un tourisme international d’étrangers souhaitant participer à la purge, mais aussi l’apparition d’une pratique d’extorsion des compagnies d’assurance, qui menacent de ne pas couvrir les pertes provoquées lors de la purge si les assurés refusent de payer des primes supplémentaires.
On peut voir dans cette œuvre une représentation qui reflète la pensée de Loïc Wacquant. En effet, la purge illustre fondamentalement une logique néolibérale, soit l’élimination du pauvre plutôt que de la pauvreté. Dans ces conditions, la purge apparaît comme une métaphore de la gestion pénale et carcérale de la pauvreté dont parle Wacquant: dans un contexte de crise économique créant des frustrations collectives, on se tourne vers une politique pénale dont l’objectif officiel est la diminution de la criminalité, mais dont l’objectif officieux est la neutralisation des troubles sociaux causés par les pauvres. En fait, la purge pousse à l’extrême cette logique de neutralisation des pauvres en permettant et en encourageant leur élimination.
À l’instar de Wacquant, la trilogie The Purge exprime des préoccupations quant au caractère doublement discriminant de la purge: elle vise directement les pauvres et plus ou moins directement les personnes racisées, qui constituent la très forte majorité des plus démunis. L’œuvre soulève également des questionnements éthiques quant au développement d’un marché lucratif qui repose sur l’exploitation de la peur et de la souffrance liée à cette politique de double discrimination. Enfin, des préoccupations démocratiques sont soulevées dans le troisième opus lorsque la purge devient une occasion d’abattre des adversaires politiques, mais aussi, de façon plus générale, lorsqu’on sait que la purge a été instaurée par décret de l’exécutif, une façon de contourner le contrôle du pouvoir législatif.
Comme on a pu le voir, les trois œuvres analysées, soit Minority Report (2002), Lock out (2012) et la trilogie The Purge (2013; 2014; 2016), contiennent des représentations pénales et carcérales qui expriment des logiques similaires aux logiques qui guident le système pénal et carcéral contemporain. Ces œuvres mettent effectivement en scène une logique de privatisation des institutions, qui mène au développement de marchés lucratifs dont le modèle d’affaires dépend de la peur des citoyens et de la dureté de la loi. Les œuvres illustrent également toutes la mise en œuvre d’une logique de neutralisation, où l’institution carcérale vise moins à amender ou à réformer les détenus qu’à soulager la société de ces derniers en les stockant à l’écart du reste du monde ou, comme c’est le cas dans The Purge, en les éliminant carrément. Cette dernière logique est également présentée comme intimement liée à deux autres logiques: la gestion du risque, où l’on attribue les peines en fonction d’un danger potentiel plutôt qu’en fonction du crime commis, et la gestion carcérale de la pauvreté, où les prisons remplacent le filet social pour ce qui est de la gestion des troubles sociaux occasionnés par les inégalités socioéconomiques et la pauvreté.
Ces œuvres nous informent également de différentes préoccupations qui rejoignent celles de Nikolas Rose lorsqu’il décrit la montée d’une société de contrôle et du nouveau prudentialisme ainsi que celles exprimées par Loïc Wacquant lorsqu’il décrit l’avènement de l’État néolibéral et de son filet carcéral. En effet, les trois œuvres montrent des préoccupations pour des enjeux éthiques liés aux conditions de détention des détenues, à la privatisation de l’institution carcérale et par rapport à la santé démocratique d’une société fondée sur la neutralisation des individus pauvres et racisés.
Cette analyse nous amène donc à constater toute la pertinence d’une démarche visant à étudier les représentations fictives de politiques contenues dans des œuvres futuristes. En effet, ces dernières constituent des laboratoires expérimentaux qui nous renseignent sur la façon dont la société contemporaine est perçue et comprise ainsi que sur l’aboutissement possible de certains phénomènes sociaux contemporain. La popularité grandissante des œuvres de science-fiction auprès du grand public fait en sorte qu’on ne peut négliger l’influence des représentations et des cadres interprétatifs qu’elles proposent: sa capacité à mettre en lumière des phénomènes actuels en les projetant dans l’avenir offre un potentiel de changement social significatif que l’on se doit d’étudier.
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