Le cycle de Westeros n’est pas une œuvre de fantasy comme les autres. Ainsi que l’ont remarqué plusieurs critiques et fans, George R.R. Martin, auteur de la saga A Song of Ice and Fire qui donnera naissance chez HBO à la série télévisée Game of Thrones, s’amuse à reprendre les grands idéaux littéraires du Moyen-Âge pour les déconstruire, voire les annihiler. Dépassant les codifications canoniques de la fantasy, qui elle fantasmait autour des archétypes médiévaux, Martin met plutôt en place un univers aux ressorts douteux qui se révèlent sous l’apparente utopie. Si le terme acid western est utilisé pour désigner le mouvement de renversement post-moderne et cynique du populaire genre cinématographique américain, il devrait également exister le acid fantasy pour qualifier les créations de la trempe martinienne. Comme le remarque Caroline Spector dans son chapitre «Power and Feminism in Westeros»:
Throughout A Song of Ice and Fire, Martin establishes conventional medieval fantasy tropes and then destroys them, often by revealing the corrupting influences at their heart. If the usual image of the knight is a man of courage and valor, Martin subverts that image by brute like Sandor Clegane. (Spector: 171)
Parlant du mythe de la chevalerie, probablement celui le plus associé à la tradition littéraire médiévale, il s’agit peut-être de l’élément auquel Martin s’est le plus attaqué dans ASOIF. Il s’agit d’un véritable massacre de l’imaginaire du justicier armé, et Sandor Clegane, cité par Spector, est bien loin d’être un cas isolé. En effet, si l’œuvre est sursaturée de personnages portant le titre de «chevalier», lorsqu’on gratte un tant soit peu, il apparaît évident qu’aucun d’entre eux n’incarne l’idéal du preux chevalier, du fameux knight in shining armor. Peut-être tous, sauf un: Brienne the Beauty, celle que l’on surnomme tour à tour «the Blue Knight» et «the Maid of Tarth», ainsi que l’affirme Stacey Goguen dans son chapitre «There Are No True Knights»: “[…] the knight who arguably adheres most to an ethical standard of knighthood is a woman—Brienne, the Maid of Tarth.” (Goguen: 207) Brienne partage d’ailleurs, tant dans ses valeurs que dans sa ligne narrative, plusieurs traits communs avec les héros chevaliers des chansons de gestes médiévales. Cette guerrière, qui suit un parcours identitaire à la cyclicité sans fin, incarne cette zone grise de l’exigu système patriarcal en place à Westeros, et par ricochet, dans notre monde. Ni homme, ni complément femme, rejetant sa féminité source de honte et s’attribuant les mâles attributs, le personnage de Brienne questionne le genre tout en proposant une figure féministe complexe aux contradictions problématiques.
À travers son acidification des archétypes fantastico-médiévaux, Martin semble vouer une affection particulière pour les personnages marginaux, qui occupent l’avant-scène de ses récits. Brent Hartinger, dans son texte A Different Kind of Other: The Role of Freaks and Outcasts in A Song of Ice and Fire, remarque effectivement que: “The sprawling cast of George R.R. Martin’s A Song of Ice and Fire series includes a surprisingly large number of major characters who are considered social rejects, if not outright freaks by the people around them […].” (Hartinger: 153-154). La liste s’avère effectivement plutôt longue et les figures souvent redondantes, chacune d’entre elles étant presque systématiquement dédoublée: nains (Tyrion Lannister et Penny), homosexuels (Renly Baratheon, Loras Tyrell) bâtards (Jon Snow, Ramsay Snow, Gendry, Mya Stone), handicapés (Bran Stark, Jaime Lannister), eunuques (Varys, Theon, Grey Worm, Illyrio Mopatis) malades incurables (Doran Martell, Shireen Baratheon, Jon Connington), femmes androgynes (Arya Stark, Meera Reed, Asha Greyjoy, Dacey et Maege Mormont, Brienne), etc. Ces aspects hors-norme, s’ils jouent parfois en la faveur des personnages1, ils représentent dans la plupart des cas des obstacles insurmontables, sinon des embûches dans la réalisation de leurs aspirations.
Nous l’avons mentionné, Martin est adepte de subversion, et le profil chevaleresque n’y échappe pas. Le chevalier est autant, sinon plus que les autres personnages, susceptible d’arborer une quelconque atypie venant briser son image idéale. Il s’agit souvent d’une dent croche pour gâcher sournoisement le portrait lorsque la bouche s’ouvre davantage. Passons rapidement en revue les caries des principaux «chevaliers» de Westeros; Jaime Lannister, blond chevalier de la garde royale à l’apparence envoûtante, se révèle un régicide incestueux; Ser Loras Tyrell, le jeune Knight of Flower dont rêvent toutes les jeunes filles, s’avère homosexuel; Ser Jorah Mormont, l’ours protecteur et avisé de la reine Daenerys, fait acte de trahison; Ser Gregor Clegane, The Moutain-that-Ride, le chevalier le plus colossal et puissant est un monstre de bestialité; quant à son frère, Ser Sandor Clegane, dit The Hound, celui-ci est, comme le souligne Spector, une brute sans foi ni loi (moins que Gregor, mais quand même); Ser Davos Seaworth, the Onion Knight, est certes un chevalier repentant et dévoué, mais reste tout de même un mercenaire issu des bas quartiers. Ser Barristan Selmy, quant à lui, semble incarner l’illustration parfaite du chevalier mature, légendaire et exemplaire, mais justement un peu trop mature au goût de Cersei, qui le renvoi sous prétexte de vieillesse.
Le statut de chevalier représente même un idéal inatteignable pour Bran Stark; enfant rêveur dont le plus grand désir est de devenir chevalier, celui-ci sera très tôt victime (par la faute même d’un chevalier, Jaime Lannister) d’une chute qui le laissera complètement paraplégique. Spector conclu que si la jeune Sansa Stark ne parvient jamais à rencontrer les galants et braves chevaliers de ses rêves, c’est parce ceux-ci sont simplement inexistants “She experience no true and selfless knights, because they do not truly exist.” (Spector: 176). Enfin, comme le remarque avec raison Johanna Strong dans son article «George R.R. Martin’s Women in A Song of Ice and Fire», attitude chevaleresque et titre de chevalier ne vont pas du tout de pairs dans ASOIF: “The characters that act most like the knights should act are not knights at all.” (Strong: 44)
Avant de poursuivre, il serait important de définir ce que nous désignons et entendons en termes de chevalerie. Dans le cadre de cet article, nous retiendrons sa conception littéraire, car selon Jean Flori, auteur de l’ouvrage Chevaliers et chevalerie au Moyen-Âge:
Nulle part, mieux que la littérature médiévale, l’historien ne peut trouver fidèle expression des idéaux, sans doute multiples, de la chevalerie. […] La littérature médiévale offre donc une sorte d’autoportrait flatteur que la chevalerie, sans cesse, observe pour mieux lui ressembler. Les guerriers de la réalité ont inspiré la littérature qui, à son tour, a façonné la chevalerie, modèle mythique pour des hommes qui s’en imprègnent, la rêvent et la vivent à la fois. (Flori: 236)
On comprend donc le modèle chevaleresque littéraire, tel que rencontré dans les chansons de gestes, comme étant le miroir bonifiant de la réalité. Mais même ce reflet idéalisé est en lui-même incomplet, fragmenté, à l’image de Perceval à l’identité en construction2, ou encore de Roland et de son compagnon Olivier, qui forment l’image du chevalier parfait uniquement dans leur complémentarité3. Comme le rappelle Flori: «Le propre d’un idéal n’est-il pas de n’avoir jamais été atteint?» (Flori: 268) On peut en déduire que Martin, consciemment ou non, part de ce concept d’imperfection au cœur même de l’idéal et le pousse à un niveau supérieur en proposant des chevaliers carrément animalisés, estropiés et immoraux. Tous sauf un, ou plutôt une: Brienne of Tarth.
Outre le fait qu’il s’agisse d’une femme4, et a fortiori d’une dame de la noblesse, Brienne incarne les vertus morales et physiques de la chevalerie de manière exemplaire. Mais qu’elles sont, précisément, ces vertus? Pour Pascal Gambirasio D’Asseux, auteur de Le miroir de la chevalerie: «Ces vertus constitutives de la chevalerie sont au nombre de trois, qui sont donc ses trois cœurs, ou plutôt les trois faces d’un unique cœur: prouesse, courtoisie, honneur.» (Gambirasio D’Asseux: 12) Côté prouesse, Brienne fait ses preuves tout le long du récit en démontant duel après duel de prétendus combattants invincibles tels que Loras Tyrell et Sandor Clegane. Côté courtoisie, c’est Brienne elle-même qui dispense les leçons d’étiquette aux autres personnages (incluant Catelyn, qui appelle King Renly Ser au lieu de Grace) et ne dit jamais un mot de trop et garde toujours le juste ton5. Et côté honneur, Brienne en est l’incarnation même, se dévouant corps et âme à ses vœux de fidélités avec une intégrité et un entêtement à la limite de l’absurde: «[Brienne] I have to try to save her [Sansa]… or die in the attempt.» (AFFC: 673) Son épée ne s’appelle-t-elle d’ailleurs pas Oathkeeper (Gardien de serment)?
Si l’on se fie à Flori, cette dernière vertu est peut-être la plus importante chez le chevalier, et en même temps, c’est celle qui synthétise et gouverne le personnage de Brienne: «La notion d’honneur occupe une position centrale dans l’idéologie chevaleresque.» (Flori: 263). Si l’on regarde le corpus médiéval en se référant à Flori, il apparaît évident que la mise à l’épreuve de la fidélité des chevaliers envers leur souverain représente l’enjeu majeur, le nœud de la plupart des récits: «La problématique principale, partout présente, concerne la fidélité des vassaux au roi, des chevaliers à leur seigneur, et des limites de cette foi.» (Flori: 240) Pensons, entre autres, à la fidélité précaire de Sire Lancelot envers son Roi Arthur.
Or, si l’un des personnages de la diégèse d’ASOIF fait preuve d’une fidélité sans borne et sans faille, il s’agit bien sûr de Brienne of Tarth. D’ailleurs, sa relation féodale avec Renly Baratheon, dans laquelle admiration et respect sont mutuels6, est l’image même du plus honorable et pur dévouement chevaleresque, si on la compare au portrait qu’en brosse Gambirasio D’Asseux: «Nulle trace, en ce lien féodal, d’un quelconque mépris du seigneur envers son vassal ni d’une subordination servile du vassal vis-à-vis de son seigneur, mais bien au contraire estime et considération réciproques.» (Gambirasio D’Asseux: 58)
Non seulement celle-ci prête serment à son roi adoré Renly, mais lorsque ce dernier meurt dans ses bras à cause de quelque sorcellerie de la part de son frère Stannis, Brienne, alors désaffectée, se trouve dans l’urgence d’établir un autre vœu de fidélité. Se tournant alors vers Catelyn, en qui Renly avait confiance, Brienne, sans oublier ses redevances envers son défunt roi, prête un nouveau serment à la dame de Winterfell: “I will find her [Sansa], my lady. I will never stop looking. I will give up my life if need be, give up my honour, give up all my dreams, but I will find her” AFFC: 141). De prendre le canevas du parfait chevalier et de l’appliquer à un personnage féminin est en soi assez subversif et intrigant. Ce qui est particulièrement intéressant avec le vœu de Brienne envers Lady Catelyn, est que celui-ci déforme doublement le topos du serment féodal, car il s’agit ici d’une femme qui en assermente une autre. Certainement et subtilement, Martin explore les limites des rôles genrés à travers des séries de flips.
Pour Valerie Estelle Frankel, auteure de Women in Game of Thrones: Power, Conformity and Resistance: “Brienne is the only true knight of the series, determined to protect the innocent and champion the helpless.” (Frankel: 54) Le coréalisateur de la série télévisée, David Bienoff, reconnaît lui-même le fait: “She is truly chivalrous. I mean, she might be the most chivalrous warrior in the entire saga.” (Bonus features, S2E3). Malgré toutes les dimensions chevaleresques que Brienne incarne à merveille, «valeur guerrière, force physique, vaillance, prouesse» (Flori: 255), il est important de souligner que le combat n’était a priori par le premier choix de Brienne, mais plutôt la seule alternative possible à s’être présentée à ses yeux. Cette information ne nous est transmise que très tardivement dans le récit, dans la série (5e saison) comme dans les livres (4e tome), alors que Brienne confie des bribes de son passé douloureux à son écuyer Podrick.
Unique héritière de son père, Lord Selwyn Tarth of Evenfall, seigneur de l’Île de Tarth, à l’image toutes les bonnes filles nobles de Westeros, Brienne a grandi en caressant le rêve de marier un beau chevalier et de devenir une gente dame. Jusqu’au jour où elle s’est rendu compte que son apparence physique jouait en sa défaveur et que si certains jeunes hommes venaient la courtiser, ce n’était que dans le but intéressé de toucher la fortune de son père. Bref, aux yeux de la gent masculine, Brienne ne valait absolument rien et était même la risée des courtisans qui la surnommèrent, ainsi qu’elle se le remémore durant le troisième épisode de la cinquième saison de la série: «They were toying with me. Brienne the Beauty the called me. Great joke. And I realize I was the ugliest girl alive. A great lumbering beast.”(S5, E3). À partir de ce moment d’humiliation, pleine d’amertume, Brienne rejette les hommes, rejette son destin marital de «lady», et choisi plutôt celui de combattante; si elle n’a pu se tailler sa place en tant que femme dans ce monde d’hommes, c’est en tant qu’homme qu’elle y parviendra, décide-t-elle. Malheureusement, dans un choix comme dans l’autre, les jugements ne lui seront pas épargnés.
Ce qui était peut-être à la base un effet de surprise ne l’est désormais plus vraiment, tant il s’est vu réutilisé dans la culture populaire. Depuis les shieldmaiden des sagas scandinaves jusqu’aux guerrières des productions contemporaines, lorsqu’une femme apparaît au combat, elle le fait systématiquement sous le couvert d’une mascarade voilement/dévoilement. Dans un premier temps, la guerrière se bat fièrement aux côtés des hommes en se faisant passer pour tel en revêtant un accoutrement masculin. Dans un second temps, soit on aperçoit sa longue chevelure blonde dépassant de son casque, soit elle retire celui-ci, révélant ainsi sa véritable identité sexuelle7. Dans le roman comme dans la série, Brienne of Tarth n’échappe pas à ce (trop) classique coup de théâtre. Elle apparaît pour la première fois sous une armure complète lors du tournoi de Renly Baratheon, organisé afin de déterminer qui remportera le titre de garde dans son Rainbow Guard. Dans le second tome de la saga, Brienne est désignée par Catelyn, le personnage point de vue du chapitre (ACOK: chap. 22), comme étant le Blue Knight. Tandis que Brienne donne une raclée au valeureux Loras Tyrell et gagne ainsi sa place au sein de la garde royale, aucun indice sur son identité sexuelle n’est donné. Si dans le roman et dans l’épisode sa féminité est d’abord masquée, celle-ci est révélée à des moments différents dans les deux versions; dans le livre, lors du duel, on sait déjà qu’il s’agit d’une femme grâce au dialogue échangé entre Ser Colen et Catelyn:
[…] who is this man, and why do they mislike him so?” Ser Colen frowned. “Because he is no man, my lady. That’s Brienne of Tarth, daughter to Lord Selwyn the Evenstar.” “Daughter?” Catelyn was horrified. (ACOK: p. 243, mes italiques)
Toujours casquée lorsque le roi lui accorde la faveur qu’elle lui demande, soit d’intégrer sa garde royale, seule sa laideur est révélée lorsque Brienne retire son casque suite à sa victoire:
Beauty they called her…mocking. The hair beneath the visor was a squirrel’s nest of dirty straw, […] her features were broad and coarse, […] and her nose had been broken more than once. Pity filled Catelyn’s heart. Is there any creature on earth as unfortunate as an ugly woman? (ACOK: p. 344, mes italiques)
Dans la série, pour Catelyn comme pour les spectateurs vierges, la «surprise» est totale lorsque Brienne enlève son heaume pour révéler sa féminité; celle-ci le retire avant de demander l’adoubement et de l’obtenir (S2, E3). Des murmures outrés et désapprobateurs se font entendre dans l’assistance aux moments où elle enlève son casque, et réitèrent plus tard au moment où Brienne demande à intégrer le Kingsguard. Contrairement au déroulement de la scène dans le roman, nous savons déjà qu’il s’agit d’une femme au moment où Renly lui somme «Rise as a knight of the Kinsguard». Toutefois, aucun commentaire n’est émis au sujet de son apparence physique ou de sa dite laideur. D’ailleurs, plusieurs critiques et fans s’entendent sur le fait que la représentation télévisuelle du personnage de Brienne est trop séduisante par rapport à son original littéraire. Il est vrai que l’actrice incarnant la combattante, Gwendoline Christie, hormis sa grandeur et sa carrure dépassant largement le gabarit féminin standard, ne possède aucunement les traits atypiques mentionnés dans la vision de Catelyn (nez épaté, dents proéminentes, lèvres larges et flasques, etc.). La guerrière télévisuelle se fera tout de même ironiquement surnommer Brienne the Beauty et sera méprisée des autres personnages à cause de sa contestable «laideur». Le résultat final dégage l’impression déplaisante que Brienne fait plutôt rire d’elle à cause de son allure androgyne due à ses cheveux courts et à sa grande taille, ce qui est assez aléatoire si l’on considère que d’autres personnages féminins au style «garçonne», tels que Yara Greyjoy, sont épargnés.
Au-delà des vertus chevaleresques qui constituent son identité, la chevalerie imprègne la forme même de la trame narrative du récit de Brienne. Celle-ci devenant un personnage «point de vue» 8 à partir du quatrième tome, A Feast for Crow, à l’image des récits médiévaux, ses chapitres s’inscrivent dans la cyclicité et la redondance. À quelques variations près, tous les chapitres de Brienne tirés du quatrième tome peuvent se résumer d’une façon similaire; Brienne arrive dans un nouvel environnement, on la regarde étrangement parce qu’il s’agit d’une femme armée (et «ugly», de surcroît), elle demande à quelques manants s’ils auraient aperçu sa «sœur», une magnifique jeune dame aux cheveux roux (Sansa). Même la manière dont elle pose sa sempiternelle question est formulée: «A highborn girl of three-and-ten, with a fair face and auburn hair.» On lui répond invariablement par la négative. S’ensuit un bref repos, une escarmouche, et Brienne repart à la poursuite de son inlassable quête, laquelle donne l’impression de ne jamais projeter d’aboutissement.
À propos de cette impression de circularité sans fin omniprésente dans les textes médiévaux, Dominique Barthélémy, dans son ouvrage La chevalerie. De la Germanie antique à la France du XIIe siècle, parle:
[d’]effets de ressacs […] Et cela crée un vaste monde, dans lequel on n’entre ni ne sort au début ni à la fin d’une chanson particulière, tant on y semble plongé, et tant la «fin» peut n’être qu’apparente et provisoire. […] ces histoires sans début ni dénouement absolu, et pleines de décrochements, de rebondissements, de recommencements […] (Barthélémy: 379)
Pensons à la circularité structurant le conte de Perceval de Chrétien de Troyes, dans laquelle le chevalier éponyme en devenir, suite à chaque épisode de rencontre avec une femme, se voit relancé dans sa quête identitaire interminable. Ou encore au cycle arthurien de manière générale avec sa quête du Graal en perpétuel recommencement. Dans ASOIF, par rapport à celle des autres personnages qui évoluent considérablement, la trame narrative de Brienne semble figée dans une sorte de hors-temps dans laquelle tout se rejoue presque mécaniquement. Si c’est aspect tend à «enchevaliser» le personnage, cet aplanissement contribue aussi à souligner l’ardeur de Brienne, qui semble avancer à rebours, malgré le fait que lecteurs, spectateurs et même Christie elle-même auront trouvé l’aventure plutôt éprouvante.
Nous avons parlé un peu plus tôt du compagnonnage héroïque comme thématique récurrente dans les textes médiévaux, qui proposeraient une forme de complémentarité entre les personnages d’un récit. L’identité du parfait chevalier se constituerait donc par la réunion des vertus et qualités de deux combattants.
À ce chapitre, regardons d’un peu plus près ce qui se trame entre Jaime Lannister et Brienne. Celle-ci est mandatée par Catelyn de ramener sain et sauf le régicide à King’s Landing en échange de ses deux filles tenues captives, Arya et Sansa. Or, en chemin vers la capitale, leur relation, d’abord tendue, s’apaise considérablement et se développe entre Brienne et son prisonnier une sorte de dynamique de secourant-secouru; Jaime sauve Brienne d’un viol collectif, Brienne sauve Jaime de la noyade, Jaime sauve Brienne des griffes d’un ours, etc. Un tandem se construit, non seulement sur le plan du schéma actanciel, mais aussi dans la construction identitaire des personnages. D’un côté Brienne of Tarth, femme au physique qualifié d’ingrat, mais possédant un code d’honneur inébranlable et un sens de la justice affûté, et de l’autre Jaime Lannister, un homme à l’apparence séduisante, mais à l’intégrité chancelante, incarnant deux facettes d’une même médaille chevaleresque, et mises ensemble, leurs forces et leurs failles s’imbriquent parfaitement. La fidélité entêtée de Brienne envers ses vœux, d’abord dérangeante aux yeux de Jaime, finira même par déteindre sur lui ; de retour à King’s Landing, celui-ci repassera en revue ses valeurs personnelles, renouera avec son devoir de chevalier du Kingsguard et balayera la relation incestueuse et toxique avec sa sœur Cersei.
Ce qui est particulier avec le personnage de Brienne, est que celui-ci ne semble pas évoluer en lui-même. Au fil des tomes, même si le lecteur accède à de plus en plus d’informations sur l’énigmatique Brienne, cette dernière demeure toutefois assez constante. C’est plutôt la perception qu’on les autres personnages sur Brienne qui s’ajustera au fil des actions, en plus du rayonnement que la combattante aura sur certains d’entre eux, tels que Jaime.
Brienne of Tarth est peut-être le chevalier le plus exemplaire, reste qu’elle est loin d’être le seul personnage féminin guerrier de la diégèse. Toutefois, au contraire des confréries ou des brigades aux membres masculins, les guerrières se trouvent la plupart du temps isolées les unes des autres, se battant envers et contre tous; la jeune Arya, la spearwife Ygritte, la capitaine pirate Asha Greyjoy, la crannogwoman Meera Reed, les soldates Pretty Merris et Maege Mormont, la «gladiatrice» Barsena Blackhair, la légendaire Wenda the White Fawn, toutes sont désespérément seules ou one of the boys. La seule véritable sororité d’armes est le rassemblement que l’on retrouve au Nord avec la troupe de Frenya, Squirrel, Holly, Myrtle et Rowan. Si le cas de figure est possible, voire accepté dans certaines civilisations de Westeros et d’Essos, la femme guerrière demeure somme toute un phénomène marginal dans ce cadre patriarcal pas si différent du nôtre. Et, qui plus est, celle-ci se présente systématiquement sous une apparence androgyne ou à la féminité travestie; cheveux courts, absence poitrine et de courbes féminines, traits marqués. Pour pouvoir se battre, ou acquérir la crédibilité de le faire, la femme se devait de masquer tout référent physique à son sexe.
Dans le cas de Brienne, qui ne quitte jamais son armure ou ses tuniques d’hommes, sa première apparition en atours de dame lui vaut les moqueries supplémentaires de la part des autres chevaliers, ainsi qu’en témoigne cet échange entre Renly et Loras:
[Loras]: Renly thought she was absurd. A woman dressed in man’s mail, pretending to be a knight.
[Jaime]: If he’d ever seen her in pink satin and Myrish lace, he would not have complained. (ASOS: 925)
Si Brienne ne devient évidemment jamais un homme (ni un chevalier), ni n’est jamais à l’aise dans son rôle de femme, elle se situe donc dans cette sorte d’entre-deux, ce troisième sexe qui fait d’elle: “the freakish one, not fit to be a son or daughter.” (AFFC: 672) Suivant les conceptions westerosi, et Lord Randyll Tarly le lui énonce d’ailleurs assez explicitement, l’individu freak possède une connotation assez péjorative: “It is said that your father is a good man. If so, I pity him. Some men are blessed with sons, some with daughters. No man deserves to be cursed with such as you.” (AFFC: 519, mes italiques) Les trois catégories de genres sont ici clairement énoncées: le mâle, la femelle, et la guerrière. La reine Cersei situe aussi l’ambivalence de genre de Brienne dans une case synonyme de mépris, l’objectifiant par la même occasion: “The queen remembered the Maid of Tarth, a huge, ugly, shambling thing who dressed in man’s mail.” (ADWD: 795)
Cette ambivalence est également soulignée à répétition de manière naïve par l’écuyer Podrick qui, ne sachant jamais quel de quel titre user pour s’adresser à Brienne, finit toujours maladroitement par utiliser les deux marqueurs de genre en même temps: «My lady, Ser.» D’après les observations de Frankel, l’absence de genre (qui pourrait être, inversement, un troisième genre) est une caractéristique courante, voire typée, chez le personnage de femme guerrière: “In essence, “strong female characters” are female characters with no gender at all.” (Frankel: 43) La plus précise description physique de Brienne, à travers le regard de Catelyn, laisse entrevoir cette androgynie guerrière en entremêlant traits féminins et masculins, mais penchant toutefois d’avantage vers la masculinité: “She did not gown herself as a lady, but chose a knight’s finery instead […] No garb could disguise her plainness, tough; the huge freckled hands, the wide flat face, the thrust of her teeth. Out of her armor, her body seemed ungainly, broad of hip and thick of limb, with unched muscular shoulders but no bosom to speak of. And it was clear from every action that Brienne knew it, and suffered for it.” (ACOK: 344-345)
Brienne est un personnage assez controversé à travers la saga littéraire; la guerrière se fait perpétuellement mépriser soit au sujet de son apparence physique, soit par rapport à son attrait pour le combat, ou encore par la combinaison des deux. Ainsi que le remarque Spector: “No matter her skill as a knight, she is reminded time and again that a woman’s primary function is to present herself in a manner appealing to men.” (Spector: 180) Aux yeux de certains, tel que Lord Tarly, qui ne mâche définitivement pas ses mots, Brienne n’aurait même jamais dû prendre l’épée et diverger de son destin de génitrice: «You never should have donned mail, nor buckled on a sword. You never should have left your father’s hall. This is a war, not a harvest ball.» (AFFC: 295) Toutefois, si Brienne ne regrette pas son cheminement en tant que combattante, à la manière d’un relent «d’instinct maternel» persistant, l’inconnu de la maternité ne la laisse pas totalement indifférente, ainsi que le laisse entendre son discours intérieur: «She would not be here now, dressed in man’s mail and carrying a sword (…). More like she’d […] swaddling a child of her own […]. It was not a new thought for Brienne. It always made her feel a little sad, but a little relieved as well.” (AFFC: 288) À quelques reprises, on se demande même si Brienne s’accepte véritablement dans son identité guerrière tellement certains passages du texte dévoilent une estime de soi précaire, une vulnérabilité: «She felt as she was floating above herself, watching the horror as if it were happening to some other woman, to some stupid girl who thought she was a knight.» (AFFC: 798)
À travers la série télévisée, dans laquelle nous n’avons aucun accès aux pensées des personnages, le statut de Brienne est mieux accepté socialement et elle-même dégage davantage de fierté. Par ailleurs, elle ne semble cultiver aucun remords quant à son renoncement à la vie maritale, au contraire. De manière générale, la Brienne de HBO semble présenter un caractère plus solide et moins complexé que sa version littéraire, et propose à cet égard un modèle féministe plus intéressant. Mais où le bât blesse et que le personnage devient une icône féministe problématique, est que celui-ci doit rejeter sa féminité et ses projets nuptiaux pour pouvoir intégrer la chevalerie et faire la guerre, comme si l’un et l’autre étaient parfaitement incompatibles. Ainsi que le souligne Frankel à propos de l’archétype de la guerrière:
The warrior women are second-wave feminism’s ideal: career-focused and completely independent without spouse or children, equal to “the boys”, immune to love or softer emotions. […] these women have all cast aside all traces of feminity to compete with men and thrive in a man’s world. (Frankel: 48)
Jean Shinoda Bolen, en élaborant sur ce qu’elle nomme le «Artemis type», ce qu’elle considère comme étant l’archétype de la vierge guerrière, se trouve du même avis que Frankel tout en mettant le doigt sur l’écueil précis de Brienne:
On the one hand, she rescues women and feminist values from the patriarchy, wich devalues or oppresses both. On the other, with her intense focus on goals she can also require that a woman sacrifice and devalue what has traditionally been considered feminine. (Bolen: 72)
Car si Brienne s’impose comme protectrice des femmes (Catelyn, les sœurs Stark), celle-ci méprise toutefois ouvertement le sexe féminin, ce qui pose évidemment problème si elle se fait reconnaître en tant que personnage féministe: “While Brienne appoints herself a protector of women […] she rejects everything feminine in herself. ” (Frankel: 52). En témoigne cette insulte à caractère misogyne tirée de l’épisode trois de la quatrième saison:
[Jaime]: I’m dying.
[Brienne]: You can’t die. […] You have a taste, one taste of the real world, where people have important things taken from them, and you whine, and cry, and quit. You sound like a bloody woman. (S3, E4)
D’un autre côté, Brienne fait également la guerre au genre masculin qui l’a constamment rejetée: “All my life men like you sneered at me, and all my life I’ve been knocking men like you in the dust” (S2, E8). Elle ne se positionnerait donc pas davantage chez un genre ou l’autre, mais s’inscrirait plutôt dans une case à part, celle d’un troisième genre ou d’une asexuation. C’est ce qui fait d’elle une freak, mais aussi potentiellement une distinction qui constituerait justement sa force.
Lorsqu’elle est interrogée sur la raison de l’affection que portent tant fans envers son personnage et sur le fait qu’ils peuvent aisément s’identifier à celui-ci, Gwendoline Christie, l’interprète de Brienne, fait référence à ses démarches pour s’épanouir en tant qu’individu marginal:
I think it’s because she is a classic outsider […] and she’s overcome that, by becoming a knight. And I think the feeling of being an outsider is something that everyone can relate to, and overcoming it gives hope to some all of us. It’s a huge privilege and inspirational to be playing a part where she’s becoming the best swordswoman in the land – well, she’s the best swordsman in the land. (Christie: 2014)
Nous avons vu que l’une des forces de l’œuvre de Martin, et par extension de la série télévisée Game of Thrones, réside dans les jeux de subversions des archétypes et topos de la fantasy et de la littérature médiévale. En proposant un personnage féminin comme illustration du parfait chevalier, tant dans la forme narrative que dans le portrait, Martin déjoue non seulement les codes, mais propose un modèle féminin fort qui se différencie foncièrement des (trop) abondantes action chicks A.K.A guerrières en bikini de cuirette. Brienne of Tarth, dont la destinée d’épouse est condamnée en raison de son apparence, se situerait plutôt à l’autre extrême, s’attribuant les attributs masculins afin de se tailler une place au sein d’une société hétéro-patriarcale. Ce faisant, loin d’être acceptée comme guerrière, les moqueries par rapport à son atypie continuent de pleuvoir sur Brienne, car comme le pointe Spector:
Because her actions fall consistently and fully outside the social norms, Brienne provides a stark lesson on how women who dare to take male power for their own are judged and treated not only in Westeros but in all conventionally patriarchal societies. (Spector: 181)
Malgré tout le mépris dont elle est la cible et les embûches s’accumulant sur son chemin, Brienne s’accroche fermement à sa quête, à ses serments, à son rêve de devenir chevalier, et pour rejoindre ce que dit Christie sur son personnage, c’est justement l’intensité de cet acharnement qui inspire les fans. Sur ce point, la série de HBO semble présenter une Brienne beaucoup plus confiante, féministe dirait-on, que son original, et cela se fait particulièrement sentir lors de la rencontre inédite entre la guerrière mature et sa version juvénile:
[Arya]: You’re a knight?
[Brienne]: No.
[…]
[Arya]: Who told you how to fight?
[Brienne]: My father.
[Arya]: Mine never wanted to. He said fighting was for boys.
[Brienne]: Mine said the same. But I kept fighting the boys anyway. (S4, E10)
Si l’on peut la comprendre comme une sorte de «pourfendeuse d’homme» et de protectrice des femmes (ce qu’il l’inscrirait encore davantage dans l’éthique chevaleresque), Brienne n’en renie pas moins son identité féminine, qu’elle dénie de par son accoutrement, ses actions et ses paroles. Lors de leur première rencontre dans la série, Catelyn appelle Brienne «Lady Brienne», à laquelle la guerrière répond: «Brienne is enough. I’m no lady.» (S2, E3) Et pourquoi ne pas accepter le genre et le sexe féminin tout en revendiquant une avenue différente pour sa personne? Pourquoi pas Brienne the Lady Knight?
Sorte de quête identitaire détournant à la fois la forme et les codes du récit chevaleresque, le cheminement de Brienne témoigne des réelles difficultés de se construire socialement au sein d’une société hétéronormative aux règles genrées intangibles. Comme le met de l’avant Goguen, “Clearly George R.R.Martin understands that people are not always satisfied with the roles their society encourages or dictates.” (Goguen: 215). Ainsi, loin d’être une idéalisation de la femme guerrière, un modèle d’empowerment acclamé et admiré de tous, le cas de Brienne of Tarth est plutôt le miroir de notre réalité sociale dans laquelle non seulement la féminité doit rimer avec beauté, mais aussi où le simple fait de vouloir être une femme armée est déjà un combat en soi, et finit, malheureusement trop souvent, par être considéré comme une mauvaise blague.
GOT: Game of Thrones (série télévisée)
ASOIF: A Song of Ice and Fire (série romanesque)
AGOT: A Game of Thrones
ACOK: A Clash of Kings
ASOS: A Storm of Swords
AFFC: A Feast for Crows
ADWD: A Dance with Dragons
1. Par exemple, cela confère chez les versatiles Arya et Varys des propriétés pratiquement transmorphiques leur donnant accès à des situations ou des informations autrement hautement inaccessibles.
2. Perceval est en quête perpétuelle de son nom, et donc de son être si l’on considère la dimension existentielle de la nomenclature au Moyen-âge, dans laquelle le nom reflète l’essence.
3. Roland est défini comme étant brave et téméraire, alors qu’Olivier est plutôt sage et réfléchi, qualités cardinales, mais primordiales du chevalier modèle.
4. Dans la réalité comme dans la fiction d’ASOIF, les femmes n’ont pas accès au statut de chevalier.
5. Sauf envers Podrick Payne dans les derniers épisodes de la quatrième saison, qui empestent le bullying. Pour aucune raison apparente, la douce Brienne y devient particulièrement acerbe envers son nouvel écuyer, ce qui n’est pas du tout le cas dans les romans. Volonté de souligner la «virilité» du personnage? Choix scénaristique douteux? Pour cogiter davantage sur cette transformation inopinée, lire l’excellent article de Rhiannon «Brienne the Bully» en ligne sur Feminist Fiction.
6. Et ce, malgré les marginalités que présentent chacun des deux, Brienne de par son androgynie et Renly son homosexualité. Cela paraît simpliste, mais c’est peut-être justement ce trouble dans le genre qui rapprocherait les deux personnages et scellerait la réciprocité de leur affection, comme le souligne Hartinger: “Who is it that finally treats Brienne with kindness and is able to see beyond the limitations of his culture, recognizing her for what she is? It’s Renly Baratheon, a closeted gay man […]. Apparently, his knowledge of being a “freak” has made him more likely to understand and be sympathetic to Brienne’s injust predicament.”(Hartinger: 160)
7. À ce sujet, lire mon article sur la shieldmaiden Lagertha, qui traite plus spécifiquement du dévoilement de la féminité.
8. Dans la série romanesque A Song of Ice and Fire, chacun des chapitres (non numérotés) est titré du nom de l’un personnage qui devient le «témoin» des actions se déroulant à ce moment du récit. Le lecteur a ainsi accès à la subjectivité du personnage et ponctuellement, à ses pensées intimes traduites par des phrases en italiques.
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