Œuvre culte du premier âge d’or des séries télévisuelles, Columbo (W. Link et R. Levinson, 1971-8/1989-2003) prit délibérément le contrepied des principaux codes des fictions policières qui envahirent les petits écrans de la Guerre Froide. Contre le modèle hégémonique du «whodunit», elle paracheva la structure ironique de l’intrigue inversée (le lecteur connaît d’emblée le récit du crime, l’intérêt du récit d’enquête se déplaçant sur le comment de la reconstitution établie par l’enquête). Inaugurée par la série John Thorndyke d’Austin Freeman, cette variante subtile de la macrostructure policière permit de libérer la machinerie herméneutique du paradigme indiciaire étudié jadis par le sémiologue italien Carlo Ginzburg. Affranchie du jeu de pistes traditionnel axé sur le dévoilement du récit caché qu’il guette, le récit d’enquête concentre désormais en lui-même les effets de suspense, dans l’attente du dernier détail fatal qui permette la parfaite démonstration du sémiologue sauvage qu’est, nouveau Diogène, le vieux lieutenant à l’imperméable fripé.
Cette journée d’études propose d’entamer une réflexion collective sur les multiples aspects de cette série bien-aimée dans une journée d’études interdisciplinaire, la toute première à lui être consacrée.
Cliquez sur le titre d’une présentation pour accéder à l’archive vidéo, en ligne sur le site de l´Observatoire de l´Imaginaire contemporain http://oic.uqam.ca/fr/evenements/les-styles-aberrants-de-columbo