Orange mécanique, d’Anthony Burgess, roman adapté par Stanley Kubrick au cinéma, a marqué l’imaginaire parce qu’il mettait en lumière la panique grandissante en Grande-Bretagne devant l’émergence de sous-cultures juvéniles, ainsi que la peur de la déshumanisation étatique. Alors qu’une adaptation théâtrale québécoise se prépare, Antonio Dominguez Leiva décrypte le phénomène populaire.
Alex et ses droogs, héros d’Orange mécanique, sont emblématiques de ce qu’on appelait la «vieille ultraviolence». Celle-ci est au centre de la sous-culture juvénile du futur que Burgess imagine avec une étonnante inventivité, à partir de l’extrapolation des sous-cultures qui existaient dans le Londres de son époque, ce que l’on nommera plus tard le Swinging London. Le clan est uni par le plaisir dionysiaque de la destruction.
Burgess pousse le paradoxe du libre arbitre jusqu’à son extrême limite en imaginant le processus par lequel le gouvernement totalitaire cherche à éradiquer la délinquance. On se rend alors compte que l’horreur hyperbolique incarnée par Alex serait préférable, en ce qu’elle relève encore du choix (et donc de l’humanité), que la bonté préprogrammée. Dans le film, le prêtre le résume en ces mots: «Quand un homme ne peut plus choisir, il cesse d’être un homme».
Écoutez l’émission ici à «Plus on est de fous plus on lit» de ICI Radio-Canada Première.