Baudelaire, William S. Burroughs, Hunter S. Thompson, Denis Vanier: ils ont tous écrit sous l’influence de l’alcool ou des drogues. Selon plusieurs auteurs, pour décloisonner la pensée et soumettre l’esprit à des perspectives inattendues, la prise de stupéfiants est d’une redoutable efficacité. Regards sur la poétique de l’hallucinatoire.
«L’écriture des drogues, explique Antonio Dominguez Leiva, est à envisager dans le sillon du romantisme au 19e siècle, alors que se développe une écriture de l’hallucination, qui passe par la fiction, mais qui fait aussi l’objet de traités. On peut aussi analyser ce courant à la lumière de la “poétique du cauchemar”. Le roman Confessions d’un mangeur d’opium anglais, de Thomas Quincy, est emblématique de ces deux tendances.»
«Parfois, raconte Jean-Paul Daoust, je ne conserve que trois ou quatre lignes d’un texte écrit sous influence, car tout n’est pas utilisable dans un délire poétique écrit en état d’ivresse. Mais souvent, je conserve tout de même des traces de ces délires-là, car ils peuvent me servir de combustible pour des écrits futurs, me donnant du matériel d’exploration auquel je n’aurais pas osé penser sans l’aide des drogues.»
Shawn Cotton, qui a récemment fait paraître le recueil Jonquière LSD aux éditions de L’Écrou, explique qu’il est difficile de théoriser sur l’écriture des drogues, tant les drogues sont variées, et suggèrent des expériences de création diversifiées. Entre les stimulants et les hallucinogènes, il y a un monde. «Quoi qu’il en soit, dit-il, les drogues causent toujours une ouverture des portes de la perception.»
Retrouvez l’émission ici à «Plus on est de fous plus on lit» sur les ondes de ICI Radio-Canada Première et retrouvez le dossier «Écritures sous influence» de nos confrères de Salon Double ici.